Comédie dramatique de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Marianne Caillet, avec Léon Bertolini, Guillaume Antoniolli et Marianne Caillet.
Quelques rideaux rouges, une ambiance tamisée, et là, posé à-même le sol, un vieux tourne-disque qui égrène des chansons de Joséphine Baker. Un homme balaie la scène qu'une femme traverse, un second homme arrive en courant. Des éclats de voix dans les coulisses mais il est maintenant l'heure que le show commence.
La chanteuse entre en scène entourée de ses deux boys. Assise sur son tabouret, elle feuillette l'album de ses souvenirs de tournée, le temps de la gloire puis le déclin, les salles de plus en plus minables, les trous de plus en plus paumés.
Et pourtant on rit.
Même s'il est tragique, la noirceur du texte est contrebalancée par la présence des deux danseurs, quelques numéros de danse et des remarques tellement pathétiques qu'elles en deviennent comiques, à propos du tabouret, du magnétophone ou des conditions d'entrée en scène de la troupe.
La mise en scène très épurée de Marianne Caillet contribue à valoriser le texte. Les trois acteurs sont très bons : Marianne Caillet en chanteuse (pas encore totalement) désabusée et ses deux acolytes, Léon Bertolini avec un peu trop d’embonpoint pour être danseur et Guillaume Antoniolli qui semble porter le poids du monde sur ses épaules.
"Music Hall", le texte de Jean-Luc Lagarce n'entend pas faire le procès du statut de l'artiste ou s'attaquer à un problème social de notre temps. Mais il parle du sentiment qu'on rencontre parfois, celui de ne pas être à sa place, de mériter mieux que ce que l'on parvient à arracher au quotidien, et de la vie forcément injuste. Il parle de la solitude aussi, de celle qui est d'autant plus lourde qu'on est au sein d'un groupe.
L'identification aux artiste fonctionne, et finalement on s'aperçoit que ce texte parle de nous, spectateurs, de nos petites vies, pas forcément toujours drôles, de nos souvenirs aussi, et de l'espoir qui nous aide à continuer. |