Ce n'est pas toujours aisé d'aborder le premier album live d'un groupe. On peut le voir comme une sorte de best of, comme le témoignage d'une tournée, comme un état des lieux à une date donnée. Dans le cas d'un groupe comme The Prodigy, qui a vingt années d'existence au compteur, c'est d'abord l'aspect compilation de morceaux connus qu'on retient. Il faut rappeler qu'au milieu des années 90, le trio a sorti un certain nombre de singles absolument marquants et témoins de l'époque.
Mais World's on fire est aussi l'enregistrement du plus gros concert jamais donné par le groupe, au National Bowling de Milton Keynes, devant 65.000 personnes en 2010. Dans la tracklist, sept chansons sont extraites de l'album de 2009, Invaders must die, trois de Fat of the land sorti en 1997, deux de l'album de 1994 Music for the jilted generation et cinq de leur premier effort daté de 1992, Experience. L'album sorti en 2004, sans Maxim, ni Keith Flint au chant, est donc laissé entièrement de côté. Et même si Invaders must die n'est pas un grand disque, les singles tenaient la route sur scène.
En concert, il faut bien reconnaître que si Liam Howlett est le cerveau du groupe, ce sont Maxim et Keith qui vont au charbon, sautent, invectivent, le public et font le show. Malheureusement, la quarantaine passée, il semble évident qu'ils ont du mal à tenir la distance, et qu'ils se retrouvent parfois vite à bout de souffle. Le proto-punk Maxim est aujourd'hui moins effrayant que Crusty le clown dans les Simpsons.
Mais le gros problème de ce disque est avant tout le mixage. The Prodigy est un groupe de scène qui tient d'abord grâce à son light show et à ses grosses basses. Or, on se retrouve avec un disque qui reste collé les pieds dans la boue. On a beau écouter des chansons qui sont faites pour danser, on n'a même pas envie de marquer le rythme en tapant du pied ou en secouant la tête. Le mixage donne une impression de platitude complète, alors que sur la tournée Invaders, The Prodigy a montré son efficacité dans nombre de festivals.
Quant à regarder le dvd, on a l'impression d'avoir affaire à un cadreur atteint de parkinson. Le son n'est pas meilleur et l'image devient vite fatigante. C'est donc plutôt finalement comme un témoignage de la tournée qui a suivi la reformation du groupe qu'il faut considérer ce cd/dvd. A moins d'avoir assisté à ce concert-là, mieux vaut se réécouter Fat of the land, le mètre-étalon de la production discographique de The Prodigy, se souvenir des concerts, que se précipiter sur cet objet finalement dispensable. |