L’espace est un territoire aux frontières mouvantes. Il se cantonne à notre vision. L’horizon, au delà duquel il est impossible de se fixer. Mur invisible qu’il faut dompter dans notre mémoire.
En ces vacances sans imagination, voilà Merlin Coverley qui débarque avec un bouquin qu’il faut garder sous le coude. Les Moutons Electriques (Éditeurs) font naturellement bien les choses, comme à chaque fois que l’on feuillette un de leurs livres. Mieux qu’un guide aux attentes voulues, le livre aux explorations urbaines de Merlin Coverley ouvre enfin les portes de l’imaginaire géographique.
L’espace est l’indispensable équilibre pour l’être humain. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Celui, canalisé par les cartes officielles qui permettent entre deux points de ne pas se retrouver dans la panade ? Celui d’un cadre dans lequel notre regard se sait en sécurité malgré l’œuvre abstraite présentée ? La pièce où l’on vit, avec nos repères pré-établis ? L’espace est aussi indéfini que la voie lactée, même dans un lieu réduit. Et c’est l’aventure que nous propose à nous autres citadins cet aventurier de Coverley.
Je ne suis pas là pour vous expliquer les tenants et les aboutissants philosophiques et psychologiques de cette manière d’aborder notre environnement. Je vous laisse le plaisir du bouquin (à emporter avec soi, comme boussole). Il faut oser l’aventure ! Tout à la fois littéraire et vrai livre, loin des catalogues touristiques, c'est un objet de découverte et d’idées jouissives dans le rapport à l’espace qui est au rendez-vous.
D’ailleurs, là, la "carte touristique, c’est vous" ... Et puis, cette affaire, le fait de se sentir géographe de son propre environnement.... Hasard de l’aventure territoriale.
Même si le livre est anglais, si la topographie psychologique est la même que chez nos amis d’outre-Manche, il se cantonne à notre vision. Il faut alors aller chercher plus loin pour s‘approprier une géographie définie.
Celle, objective, du randonneur (se), carte d’une main et verre de l’autre (que vous aurez préalablement vidé de son contenu). La boussole est là. Pointez le lieu dans lequel vous vous trouvez, - il sert d’axe central à la circonférence que le périmètre de votre verre placé ?? vous donnera –. Un coup de crayon ajusté autour du verre et voilà que brusquement, sous vos yeux, s’ouvre un territoire de curiosité.
Petit frisson ! Je vous conseille de fermer les yeux pour l’opération, afin d'être innocent de toute influence.
Même si cela peut freiner quelques retards à terre, ne vous en faites pas, laissez les ronchonner dans leur coin. Et allez de l’avant. Vivez à la vitesse de vos intuitions. Vous êtes explorateur urbain, métaphores des légendes du Graal. La découverte n’a plus rien à voir avec le savoir. Vous voilà initiateur de vos envies.
Le reste ne concerne que vous. Le jeu est là, vous avez les règles en main. La carte également. Cette idée surréaliste, s’il en est, date des années 50 et de Guy Debord à l’époque du "Lettrisme", annonciateur du situationnisme. Nous le comprenons, les racines de cette "Géographie" se veut littéraire et découverte. Au plus proche de vos intuitions. |