La Provence a la couleur noire du soleil. Le polar et autres romans policiers n’ont pas seulement l’atmosphère glauque d’une nuit brumeuse aux pavés luisants. La violence de la clarté est toute aussi indispensable à l’écriture.
La preuve est en cette "encyclopédie". Le terme n’est pas trop fort. On peut y ajouter, les "nombreuses vies" qui font vivre le polar provençal. Le bouquin de Nicolas Lozzi ne peut pas être oublié sur un banc de gare. Trop utile.
Un livre itinéraire entre villes et villages, espaces multiples qui ouvrent l’imaginaire collant aux mystères. Un cheminement initiatique que l’auteur propose à travers l’histoire d’une région riche en auteurs. Un livre bourlingueur à la boussole rivée au sud.
Il faut se laisser guider par les pages qui vous mènent sur les chemins de l’histoire d’une région qui colle de par sa lumière aux couleurs du polar. Nombres de villes sont ici témoins des auteurs. Tout comme les écrivains décrivent les villes, personnages de leurs drames. Espaces criminels en terre paradisiaque. Espaces géographiques. Territoire provençal qui se vit dans l’ombre protectrice des conteurs. La fable est ainsi écrite qu’il nous faut du temps à nous autres lecteurs sans terre pour comprendre les méandres silencieux de la vie provençale.
Un cheminement qui nous rapproche dans sa lecture, d’une théorie à appliquer. Celle de Merlin Coverley que l’on a découvert dans son "Psycho-géographie !". Offrez-vous ce moyen de découverte à la littérature, aux lieux (nombreux dans le livre de Nicolas Lozzi). Une démarche sensorielle pour comprendre que par delà l’aventure romanesque, la véracité du livre de Nicolas Lozzi, en est le territoire. Un périmètre géographique que l’on se construit entre les lignes.
Entre Giono et Jean d’Aillon, il y a un même souci, le respect de la terre et de son histoire dans l’écrit. Tout comme la création de personnages aujourd’hui installés dans nos mémoires, le commissaire Laviolette, Séraphin Monge, Fabio Montale voir même et oui, le personnage de BD Léo Loden. Un monde humain loin des stéréotypes. Chacun y garde son originalité comme reconnaissance de vie.
Le pays est grand tout comme la quête de Nicolas Lozzi qui a enfilé les habits de détective pour nous conter depuis le XIXe siècle la noire épopée du polar provençal. Il faut découvrir à chaque page, photos, dessins, lieux clés (c’est ici naturellement, que je vous conseille de prendre sous le bras le livre de Merlin Coverley comme boussole) et découvrir les lieux, d’une autre façon. Soyons, voulez-vous un tant soit peu original.
Cela ne peut pas faire de mal.
L’aventure peut-elle se terminer ainsi, un livre en poche ? Non naturellement, il reste comme promis un guide formidablement présent, ancré dans votre quotidien. Parce que j’en suis sûr, il fera partie, aujourd’hui ou demain, de vos bagages. Ouvrir le champ de la curiosité à travers l’histoire du polar provençal, c’est aussi comprendre les auteurs et artistes qui n’ont pas que l’accent comme valeur culturelle, mais un pays à part entière à défendre contre la normalisation ambiante. |