Un coin de ciel bleu, avec un soleil gros comme ça, qui brille de toutes ses forces, qui réchauffe les corps et les cœurs. C’était mon vœu pour cet été compromis par la grisaille et la moisissure. Et comme je suis extrêmement chanceuse, il a pris forme sous les mains des 5 argentins-colombiens de Che Sudaka.
Il faut dire qu’ils ont le soleil dans leur camp. Sortis d’un quartier de Barcelone, propulsés par Manu Chao dès 2002, ils n’ont de cesse de semer leur bonne humeur au détour de salles de concerts, de bars, de trains, de festivals. Après huit années de tournée, un petit millier de concerts, et des plantations de bananes sur les visages des touristes (et des autochtones), les voilà qui sortent un cinquième album, immédiatement salué par les critiques latines : Tudo é possible.
Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre le sens : tout est possible ! Et vi ! Même un peu de soleil au cœur d’un mois de juillet moisi. Rien ne vaut ces airs de salsa-zouk-bomba-latina pour faire entrer le soleil dans les chaumières. Rien ne vaut des rires d’enfants, du rythme, et ses roucoulades de rrrrr du soleil. Encore mieux que l’accent du midi. Dire que la station radio de ma voiture capte l’Espagne quand le ciel est bas, ça doit être lié.
Je n’ai pas eu la chance de croiser Che Sudaka sur scène, de là à croire que j’en aurai l’endurance, le doute s’installe. Mais à entendre ce qu’ils sont capables de déclencher de juanitabanana dans ma demeure, j’ose à peine imaginer les litres de boissons fraiches qu’ils peuvent déclencher à chaque passage. Ils rassemblent énergie et musique dans un grand chaudron, invitant des influences rap-speed, hip-hop-cool, rock-piquant, mais avec cette détermination cubaine, de celle qui fait se trémousser pour tout et partout.
Et finalement, c’est la musique appropriée pour cet été, puisque la canicule a posé un lapin aux ventilos, utilisons-les pour diffuser un peu de ces entêtants "Vida maloka", ou encore "Quiero Mas". Quelques mots entrainants, la langue qui roule, manque plus que du piment pour être réchauffé. Et il y est le piment, dans les textes justement. Ils chantent le monde qui nous détruit, les lois qui nous enferment, les criminels, le mensonge "Locoworld", ou la folie du monde, d’où l’amitié nous sauvera.
Moi je propose "Mentira politika" comme titre de l’été (ça changera de lamor comitchatou…) avec plein de roulades, autour du mensonge politique. Au final, ils dénoncent la bêtise humaine, qui a aussi ses bons côtés : l’amor, les amigos y la musica, la seule triade capable de dynamiter la connerie.
Che Sudaka est exactement à l’image de son visuel d’album : une grosse fleur en forme de soleil, poussant dans un sol aride et craquelé… tout est possible. Ça s’appelle aussi l’espoir, une denrée devenue trop rare. J’en ai 45 minutes à user dans la main. |