Spectacle de théâtre-cabaret musical conçu et mis en scène par par Susana Lastreto, avec François Frapier, Hélène Hardouin, Annabel de Courson, Jorge Migoya et Susana Lastreto.
Comme à son habitude, d'autant plus encore que les temps ne sont pas à la manne culturelle, et selon l'expression imagée de sa fondatrice Susana Lastreto, la Compagnie GRRR - le bien nommé Groupe Rires Rage Résistance - a concocté sa nouvelle création, à l'artisanal, avec "trois clopinettes" mais une bonne dose d'humour et de talent.
Point de décor pharaonique ni de scénographie bouleversifiante donc pour "Brassens n’est pas une pipe", fantaisie musicale présenté dans la cadre de la 10ème édition du Festival En Compagnie(s) d'été qui investit le Théâtre 14 en période estivale et dont elle est à l'initiative.
Né d'une gageure et d’un télescopage d'univers inattendu révélés en prologue par Susana Lastreto, en tenue Hollywood glam à la Gilda, qui joue la maîtresse d'une cérémonie plutôt fantasque d'hommage à Georges B., ce spectacle ressortissant au cabaret résulte d'une concoction collective dans laquelle chacun des membres de la troupe, les comédiens-chanteurs, Hélène Hardouin et François Frapier, et les musiciens-chanteurs qui en signent les beaux arrangements musicaux, Annabel de Courson et Jorge Miyorga, a apporté sa touche.
Cela donne un cabaret musical métissé, parfois décalé et parodique, composé de tableaux variés, du cocasse à l'expressionnisme, qui s'inscrit dans l'esprit du chanteur-poète libertaire, figure phare de scène des années 60, immortalisé avec sa moustache gauloise, sa guitare et sa pipe.
Car, même si 2011 correspond au trentenaire de la mort de Brassens, cet hommage ne s'entend pas de la célébration commémorative d'un impertinent momifié au panthéon de la chanson française, mais de la célébration d'un répertoire vivant qui constitue, aujourd'hui encore, une source d'inspiration.
Au programme, des incontournables tels "Mourir pour des idées", "Le vent", "Brave Margot" et "95%", des sublimes comme "Chanson pour l'auvergnat" et des moins connus à l'instar, dans des registres opposés du rire à la mélancolie, de "Au joyeux Tyrol" et "La pensée des morts", mise en musique d'un texte de Lamartine.
Du solo à la polyphonie, le quintet de GRRR détourne, revisite et décline, du rock au slam en passant par le branle, avec jubilation un florilège de chansons inscrites dans la mémoire collective dans lesquelles le pragmatisme des petites choses de la vie côtoie naturellement la poésie. |