Monologue dramatique écrit et mis en scène par Alain Duprat, interprété par Ophélie Humbertclaude. Attention, fiction ! "La dernière lettre de Marie-Antoinette" proposée par Alain Duprat, ex-professeur d'histoire reconverti en auteur dramatique qui prend ses libertés avec l’Histoire, fabule à partir de la vraie dernière lettre de la veuve de Louis XVI écrite le matin même du jour de son exécution.
Cette dernière, absolument dépourvue d’affect dans la mesure où jamais ne sont utilisés des termes comme "affection" et "amour", qui se limite à un acte de contrition pour les péchés commis, même si elle clame son innocence face aux accusations qui ont conduit à sa condamnation, et aux recommandations de grandeur d'âme et de solidarité familiale destinées à ses enfants, évoque davantage une lettre officielle écrite pour la postérité que le testament d’une mère.
Alain Duprat y ajoute donc pléthore de paragraphes afin, écrit-il dans sa note d'intention, d’insister sur "la souffrance de la mère, le chagrin de l’épouse et l’humiliation de la femme" pour rétablir la dimension humaine du personnage public qui n’est autre qu’une femme comme les autres.
Ainsi, revenant sur quelques événements significatifs et notoirement connus de la vie de ce personnage historique largement controversé, il boutique un plaidoyer sans mesure aux forts accents "action française" quand il insiste sur l'aspect sacré de la fonction royale et de la noblesse du sang des Bourbon ou des Habsbourg, dont les dénégations sont préjudiciables à la cause même qu'il entend défendre et rend schizophrène le portrait réducteur et complaisant qui l’accompagne.
Marie-Antoinette aurait été d’une candeur naïve qui confine à l’idiotie : victime de sa naissance et de son éducation, elle a été confrontée trop tôt à une charge écrasante, et, alors qu'elle était d'un dévouement indéfectible et d'une fidélité exemplaire tant à la France qu'à son époux, elle a été la cible privilégiée des complots des conseillers du roi, de la fourberie des politiques et de l'hypocrisie d'amis intéressés.
Ni responsable ni coupable mais victime absolue, elle sait néanmoins retrouver sa superbe et en appeler à son rang quand, par exemple, aux reproches concernant ses dépenses excessives, elle répond avec cynisme qu'il ne s'agissait de rien de plus que du train de vie d'une reine d'une grande puissance. De même sa vision de leur tentative de fuite ne manque pas de piquant. M
Et c’est Ophélie Humbertclaude toute en retenue et en atonalité qui délivre la parole royale dans la mise en scène de l’auteur. |