Comédie dramatique d'après un roman de Amin Maalouf, mise en scène de Grégoire Cuvier, avec Christine Braconnier, Jean-Marc Charrier, Christophe Chêne-Cailleteau, Olivier Cherki, Audrey Louis, Yvon Martin et Stéphane Temkine.
Loin des manuels d'histoire rébarbatifs ou des sagas familiales à rebondissements, Grégoire Cuvier, avec la collaboration de Jehanne Flavenot pour la mise en scène, narre le destin de la famille levantine, sujet du roman "Les échelles du Levant" d'Amin Maalouf, en une succession de tableaux s'enchainant de manière très fluide, à un rythme soutenu qui tient le spectateur en haleine.
Si la chronologie est respectée, le saut d'années en années intervient de manière presque imperceptible : quelques dates s'affichent de-ci delà tandis que de subtils détails et changements de costumes aident le spectateur à se situer dans le temps et l'espace. A mesure que le rythme personnel du héros s'emballe, celui de la pièce s'accélère également jusqu'à la folie du héros, vue de l'intérieur, entre délires phoniques, abrutissement médicamenteux et éclairs de lucidités émergeant d'on ne sait trop où.
Le choix d'effectuer les changements à vue, derrière des panneaux occultant partiellement le fond de scène, avec une scénographie de Grégoire Faucheux assisté de Caroline Forveille, permet de garder une dynamique de narration entre les tableaux et de sentir en permanence la présence de tous les personnages qui font l'histoire et l'identité d'Ossyane, pèsent dans sa vie et l'accompagnent à son insu à chacun de ses pas. Des images d'archives sont également projetées sur les panneaux délimitant l'espace de jeu, mêlant l'histoire personnelle du héros à l'Histoire du Liban.
Les comédiens sont très convaincants et endossent les différents rôles de l'intrigue avec beaucoup de naturel, en particulier Olivier Cherki très juste dans le difficile rôle d'Ossyane. A saluer également la prestation de Jean-Marc Charrier, absolument brillant dans le rôle du père et du frère d'Ossyane : il réussit à passer de l'un à l'autre et à créer deux identités bien distinctes et pourtant liées, avec chacune leur pathos et leur parcours, au point qu'on met un temps à réaliser que le même comédiens interprète bien les deux rôles. Christine Braconnier dans le rôle de la sœur d'Ossyane est également lumineuse, à la fois fraiche et tragique.
L'adaptation du roman, la mise en scène, la scénographie, l'interprétation, les costumes de Camile Pénager, les lumières de Nicolas Roger comme le choix sonore et musical, tout dans "Ossyane" est précis et d'une grande justesse et contribue à donner une identité propre à ce spectacle singulier qui se profile déjà comme une des grandes créations de cette rentrée 2011. |