Attention cas d'école ! Cela faisait bien longtemps qu'un groupe n'avait pas fait autant parler de lui. Pourtant, tout cela avait commencé comme une blague, comme si Daft Punk s'était associé avec JJ Abrams. Le groupe s'amusant à brouiller les pistes, et faisant planer le mystère sur ses membres, son nom.
L'on finira par en savoir plus grâce à des informations données au compte-goutte. L'histoire prend alors forme de par certaines cohérences. Wu Lyf s'avére être un groupe engagé, étant une sorte d'association portant le nom complet de "World Unite Lucifer Youth Foundation" et qui, armé de fans de la première heure, commence sa révolution contre l'économie et les grandes puissances (l'album, au titre pour le moins évocateur, est d'ailleurs autoproduit, bien que publié par Universal Music), tout en pronant l'autonomie de la jeunesse.
Tout cela est bien beau mais qu'en est-il musicalement ? Car si les idées de marketing sont bonnes et efficaces, on parle finalement peu de leurs chansons. Pourtant, le disque est étonnant et sort finalement des sentiers battus par la vague hipster, l'on pourrait même qualifier tout cela de hardcore ambient. Le synthé qui ouvre le disque n'y est pas pour rien. Tout comme les excellentes montées que l'on trouve tout au long de l'album et qui se terminent sur les beuglements de Ellery Roberts, chanteur à la voix singulière.
L'innovation première provient néanmoins de l'influence world et en particulier africaine. La section rythmique ayant un groove profondément éthiopien. D'ailleurs, il semblerait que celle-ci soit mise largement en avant sur scène, donnant une ampleur supplémentaire aux compositions et un côté tribal plus que jouissif.
En terme de production, l'album s'inscrit au paroxysme de la musique indie, car non content de noyer tout cela avec des pédales de reverberation Holy Grail, Wu Lyf a enregistré l'album dans une église. Les rapprochant donc du Saint Graal sans métaphore aucune, et donnant un côté forcément religieux à l'orgue, renforçant l'aspect sectaire de la mythologie du groupe, tout en donnant une image de leader/sauveur de l'humanité quant à l'engagement pris sur l'écriture des paroles.
Alors même si la pop indé à l'anglaise me semble être une chose pliée depuis que George Harrison a composé "I need you" en 1965, il faut reconnaitre que Wu Lyf s'en sort plutot très bien en jouant sur la corde sensible en proposant un disque qui vient des tripes, et non d'une usine à fric.
A vous de voir ce que vous en ferez. Car Wu Lyf, après tant de buzz, semble déja être un objet de mode nécessaire à la hype attitude, alors qu'il mériterait d'être le nouveau prince de l'underground.
Et c'est bien dommage, il voulait seulement changer le monde... |