Réalisé
par Lisa Langseth. Suède. Drame. Durée : 1h30 (Sortie le 28 septembre 2011). Avec MaAlicia Vikander, Samuel Fröder, Josephine Bauer et Martin Wallström.
Depuis la mort d’Ingmar Bergman, le cinéma suédois n’a plus beaucoup envahi les salles hexagonales. Si l’on excepte, les si singuliers films de Roy Andersson qui ont enthousiasmé une frange malheureusement très réduite de la cinéphilie française, on n’a pu voir que quelques films provenant du royaume de Suède constituant de simples repères sociologiques chargés de nous montrer la fin du paradis social-démocrate sous les coups de la mondialisation et de l’idéologie néo-libérale.
"Pure" sera donc une découverte insolite pour ceux qui iront le voir puisqu’ils seront face à un "film normal", racontant une simple histoire et ne se souciant pas particulièrement de l’état de la Suède de 2010. S’ils aiment les fictions sur fond musical de Denis Dercourt ("Mes enfants ne sont pas comme les autres", "La Tourneuse de pages"), ils seront en territoire connue face à l’intrigue de "Pure".
Ils s’attacheront alors au personnage de la jeune Katarina, jouée par la frémissante Alicia Vikander, dont la constance et la détermination permettent au film d’acquérir la dimension de cette variété de thrillers qui n’ont besoin que d’un suspense diffus pour appartenir totalement au genre.
Ici, c’est le "Requiem" de Mozart qui transforme une jeune banlieusarde inculte, qui lui donne une énergie farouche pour transcender tous ses handicaps sociaux. Quand on quitte le film, on sait qu’elle n’est qu’au début d’une vie dont elle a su, au prix fort, briser les logiques fatales de ces déterminants sociaux-économiques si voyants dans le personnage de sa mère alcoolique et immature.
Bien sûr, il sera difficile de lire "Pure" comme un film progressiste puisque la solution vantée passe par l’individualisme extrême. Sans rien dévoiler de ce qui inéluctablement devait lui arriver, on n’aura pas beaucoup de compassion pour le brillant chef d’orchestre qui joue peut-être Mozart comme un Dieu mais qui ne tire de cette musique sublime qu’il a su faire naître aucune leçon de transcendance dans son existence de jouisseur égoïste. Katarina, elle, une fois sur les rails d’une vie sans télé-réalité et sans beuveries du samedi-soir, se mettra en quête de faire partager toute cette musique qu’elle aime.
Film bien plus ambitieux qu’il ne veut le dire, "Pure" prévient qu’il y a dans le peuple encore des ressources insoupçonnées et que l’étincelle qui peut les réveiller est à chercher du côté de l’Art, surtout s’il rime avec Mozart...
On retiendra la leçon bien orchestrée par la jeune Lisa Langseth et si bien incarnée par Alicia Vikander, déjà débauchée par Hollywood. On comprend pourquoi. |