Le Grand Lièvre est une espèce en voie de disparition. Le nouveau Murat est un disque qui parle de la mémoire, mais surtout de la mémoire qui disparaît.
C'est peut-être pour cela que les arrangements de ce disque retrouve les aspects lumineux de ses premiers opus, ceux d'avant Mustango. Murat continue d'être un des grands conteurs de la chanson française, mais pour enrober ses textes ici pas de guitare électrique, mais des arpèges de guitare sèche et des effets de synthé qui semblent sortis d'un autre temps, réalisés par Slim Batteux qui a travaillé aux claviers avec Jonasz ou Percy Sledge.
Murat est donc retourné vers un moment de son histoire musicale où ses mélodies glissaient au fil de l'eau.
La nouveauté de ce disque provient d'abord des paroles. Outre des histoires d'amour malheureuses et l'évocation de la campagne, Murat semble avec des textes comme "Sans pitié pour le cheval" ou "Rémy est mort ainsi" sortir de sa bulle individuelle et se mêler à la marche du monde.
Il est amusant de constater que, dans des styles différents, son parcours ressemble de plus en plus à celui d'un autre inclassable de la chanson française qui l'avait soutenu lors de ses débuts, William Scheller. Même succès populaire après quelques années, avant de tracer une voie personnelle, mêmes obligations d'écrire pour les autres, même élégance et sophistication des textes, même goût de l'aventure artistique.
Ce disque ne surprendra certainement pas les amateurs de l'univers muratien, mais amène une pierre supplémentaire à une oeuvre toujours solide et belle. |