Comédie de René de Obaldia, mise en scène de Thomas Le Douarec, avec Michèle Bourdet, Pierre Forest et Thomas Le Douarec.
René de Obaldia, romancier, poète et auteur de pièces savoureuses qui reviennent à l’affiche dans le cadre du Festival Obaldia qui a pris ses quartiers d’automne au Théâtre du Ranelagh, a écrit nombre de comédies en un acte et à trois personnages dans lesquels il renouvelle à sa manière, avec fantaisie, humour et ironie, les thématiques classiques.
Avec "L'amour à trois", mêlant satire et comédie, Thomas Le Douarec propose une libre adaptation fort réussie de deux de ses impromptus, "Pour ses beaux yeux" et "Le grand vizir", qui déclinent le fameux trio du vaudeville tout en épinglant certains travers contemporains, en l'occurrence, révélé par la télévision véhicule du faux savoir, la huitième plaie d'Egypte pour Obaldia, et jouant sur la frontière ténue entre la fiction et la réalité.
Un gentil petit couple apparemment inoffensif et un peu bas du front, dont le monsieur veut concourir utilement dans le jeu télévisé du "Supercrack" pour décrocher le gros lot, s’offre les services d’un coach qui flaire les pigeons de l’année.
Celui-ci, bonimenteur et séducteur à Ray Ban, nom à particule et roi de l’esbrouffe et de l'étalage de confiture, qui se la joue beau gosse irrésistible, un brin obséquieux, et se gargarise d’un dialecte franco-anglais à la Van Damme, n’est pas insensible aux charmes de la jeune femme qui n'a froid ni aux yeux ni ailleurs et l’aguiche sans vergogne.
Et ce qui devait arriver arrive. Et davantage même, de plus cocasse, qui vire au dindon de la farce, ce dernier n’étant peut-être pas celui qu’on croit, quand le mari décide de se reconvertir en comédien. Et comme l'a si bien observé Labiche l'amant n'est pas toujours le plus heureux des trois.
Dans un décor en noir et blanc, la mise en scène pétillante et enjouée de Thomas Le Douarec impulse une indispensable et bienvenue vivacité en symbiose avec la vivacité stylistique de l'auteur et sert une fine comédie de divertissement.
Sur scène, il s’y montre éloquent dans le rôle du beau parleur pris en sandwich entre Pierre Forest, épatant en mari raminagrobis et Michèle Bourdet, parfaitement à l’aise dans le rôle de l'épouse parfaite qui cache une coquette délurée au tempérament bouillonnant. |