Comédie de René de Obaldia, mise en scène de Thomas Le Douarec, avec Patrick Préjean, Isabelle Tanakil, Michèle Bourdet, Marie Le Cam,
Charles Clément, Philippe Maymat (ou Thomas Le Douarec), Christian Mulot et Mehdi Bourayou.
Avec "Du vent dans les branches de sassafras", une de ses pièces culte, pas uniquement parce qu'elle fait découvrir l'existence de cette variété de laurier au nom exotique qu'est le sassafras, dit le laurier des Iroquois, et dont le titre reste aujourd'hui encore attaché à celui de son créateur Michel Simon dont ce fut la dernière apparition sur scène, René de Obaldia crée un nouveau genre théâtral dont il reste sans doute à ce jour l'unique représentant, celui du western.
Laissant, comme toujours, libre cours à sa fantaisie, Obaldia ne s'impose aucune limite autre que de composer un facétieux divertissement et propose une comédie parodique sur le mythe de l'Ouest américain avec une brochette de personnages archétypaux aux prises avec le déferlement guerrier d'une coalition indienne qui rase tout sur son passage.
Pour monter cette partition mémorable que l'auteur qualifie de "western de chambre", le massacre de Fort Apache version burlesque vu de l'intérieur de la petite maison dans la prairie, et pour laquelle il s'est inspiré des légendaires opus cinématographiques de John Ford, Claude Plet puise dans l'iconographie de la ligne claire de la bande dessinée pour élaborer un décor en deux dimensions et, pour la mise en scène, Thomas Le Douarec emprunte aux canons du western spaghetti et au rythme du cartoon pour la mise en scène.
Cela donne un spectacle roboratif et hilarant interprété par des comédiens qui savent tout aussi doser les effets comiques que partir en vrille maelstromique.
Patrick Préjean est magistral dans le rôle du patriarche tyran domestique qui règne sur un pauvre lopin de terre et qui deviendra, grâce au pétrole, le fondateur de la dynastie Rockfeller, une épouse dévouée (Isabelle Tanakil) qui tâte d'une boule disco à facettes en guise de boule de cristal, et ses deux derniers rejetons, une fille pulpeuse qui rêve de la ville (Marie Le Cam) et un fils un peu benêt qu'il rabroue sans cesse (Charles Clément).
Autour de la famille de colons, l'incontournable docteur alcoolique (Christian Mulot), la prostituée au grand coeur (Michèle Bourdet) victime de bouffées délirantes de tragédienne racinienne, le shérif, héros justicier par excellence, qui se la joue à la Clint (Philippe Maynat) et, bien évidemment, les indiens représentées par deux folkloriques chefs indiens pas piqués des hannetons (Charles Clément).
Et comme Thomas Le Douarec affectionne le théâtre musical, il y instille quelques inénarrables couplets dus à Mehdi Bourayou, une des moitiés des Demi Frères, dont la seconde, Laurent Conoir, officie dans "Fantasmes de demoiselles" également à l'affiche de ce Festival Obaldia, qui assure l'accompagnement musical en direct live d'une épopée haute en couleurs. |