Pour une fois la tente
des conférences de presse de la Route du Rock est bien remplie
; les journalistes de tous bords sont venus en nombre écouter
les histoires de Mathias et de toute sa
sympatique bande.
Un incident ayant retenu notre animateur de conférence
ailleurs, nous sommes donc seuls avec eux ... Mais personne ne va
s'en plaindre !
Leurs impressions (ou plutôt celles de Mathias) quelques
heures avant le dernier concert de la tournée Western.
Une question stupide pour commencer : j'ai vu
à vos derniers concerts qu'il n'y avait plus de Goldorak
sur la batterie ... Que lui est il arrivé ?
Eric : On aime le changement, c'est une longue
histoire d'amour avec Goldorak mais on évolue.
Il y a des fleurs maintenant en décoration,
est ce que ca symbolise quelque chose ?
Mathias : C'est pour offrir à Goldorak,
pour qu'il revienne. En fait Goldorak est une fille pas plus grande
que Babet avec une toute petite voix mais qui se cache derrière
ses grandes cornes et ses trucs de gars. Alors on a pris des fleurs
pour qu'elle revienne et que Babet ne soit pas la seule fille :
elle grogne quand elle est toute seule. (rires)
J'ai cru lire que ce soir ca allait être
principalement électrique , c'est vrai ?
Mathias : Non. (...) Si, enfin je ne sais pas ,
on va voir ce qui se passe ce soir. Oui c'est la formule "éléctrique"
mais ca ne nous empêchera pas de faire un peu de surprises.
On peut parler de la suite de Dionysos ; y a-t-il
déja des enregistrements, des nouvelles chansons ?
Mathias : Oui y'a plein de choses en chantier,
en effervescence, en construction ... Là c'est notre dernier
concert avant de repartir sur de nouvelles choses. On va jouer certains
morceaux ce soir pour la derniere fois avant un bon moment, donc
ca va être un peu spécial aujoud'hui, presque .. tragique
!
En dehors de cela, ça fait quel effet
d'être dans la programmation de la route du rock ?
Mathias : Super contents, super fiers car depuis
plusieures années on voit la programmation qu'il y a, et
il y a pleins de groupes dont on est fan. Ce soir on joue entre
Blonde Redhead et Jon Spencer, dont on a les disques, c'est tellemnt
notre culture, c'est vraiment bien. On a tellement fait de festivals
y'a 2 ou 3 ans où on passait à 3 heures du matin après
6 groupes de reggae et 4 groupes de ska avec des mecs qui crachaient
du feu (rires) qu'on est pas mal contents là de jouer avec
Jon Spencer et Blonde Redhead, c'est un vrai privilège.
Vous vous sentez dans cette même lignée
?
Mathias : Non je n'irais pas jusqu'à prétendre
ça, mais tout simplement c'est des groupes dont on a les
disques et qu'on aime. Si on a enregistré avec Albini par
exemple c'est notamment parce qu'il avait fait Jon Spencer. Pourquoi
a t'on fait de la musique un jour ? parce qu'il y a des disques
qui nous ont passionés, et aujourd'hui on joue avec : c'est
super excitant !
Western Sous la neige est sorti il y a 2 ans et
ca fait pas mal de temps que vous tournez, je voulais savoir s'il
n'y avait pas une certaine lassitude à jouer les morceaux
?
Mathias : Ben non car on essaie de les faire évoluer,
ils vieillissent avec nous, de tournée en tournée
on a même parfois tendance à complètement les
dévisager. Et c'est excitant aussi de revenir sur de très
vieux morceaux que l'on ne jouait pas sur la tournée d'avant.
On a maintenant quelques disques et on pioche , comme dans un buffet
froid : tu choisis les trucs que tu préfères et qui
craquent le mieux sous la langue.
On s'arrête avant de ne plus avoir faim,
et là, on a encore faim jusqu'à ce soir, même
s'il y aura peut être un peu de mélancolie à
se dire que c'est le dernier concert avant un moment. Mais il faut
toujours en garder un peu et ne pas se gaver.
Du coup ce qui s'est passé quand on a fait
le filage, la semaine de répetition, on avait joué
que des nouveaux morceaux et à deux jours du concert on avait
pas encore joué les anciens alors on a incorporé plein
de nouvelles choses, de nouveaux instruments... Ca veut dire que
l'aventure continue.
Vous avez un univers très caractéristique
et vous avez travaillé avec d'autres personnes comme avec
Kaolin, est-ce que ces collaborations sont une manière de
ne pas rester claustro dans l'univers Dionysos ?
Mathias : Non, ce n'est pas un besoin ni un concept,
on ne s'ests pas dit "maintenant il faut qu'on fasse des collaborations
car on va etre trop claustro dans notre univers". Non c'est
juste des rencontres, de la curiosité. Et le fait d'avoir
un univers ne veut pas dire être centré sur soi même,
mais c'est vrai que les collaborations apportent plein de trucs.
Par exemple avec Kaolin on s'est très bien entendus, on aime
ce qu'ils font, comme avec toutes les autres collaborations qu'on
a eu, mais ca se fait "à la rencontre" , de manière
artistique, pas comme un concept.
Y a-t-il un album de prévu ?
Mathias : On ne sait pas encore, mais oui, il peut
se passer des choses. Il y avait quelque chose de prevu avec les
Kills, mais on n'a pas eu beaucoup de contacts encore, là
on va se poser un peu et essayer de relancer ce truc là.
On s'est retrouvé à partager la scène avec
eux à St Brieuc l'an dernier , et pareil : on était
tout heureux de jouer avec eux.
Je crois que vous étiez dans la fosse hier
soir pour la performance de Peaches, je voulais savoir ce que vous
pensiez du personnage ?
Mathias: En fait je ne connaissais que de réputation,
et 2 ou 3 morceaux, J'ai bien aimé quelques morceaux et ça
m'a fait rire aussi, c'est un super spectacle. mais j'aurais été
encore plus pris s'il n'y avait eu ce côté provoc que
de temps en temps, et si elle avait joué sur d'autres tableaux,
alors que là elle prend un mode de fonctionnement, un mode
de provocation, elle le pousse au bout.
Ca m'a plu mais je n'ai pas été retourné,
je ne me suis pas dis "je vais acheter tous ses disques et
je veux la revoir". Je vois ca comme un bon divertissement
... pour adultes (rires) ... Enfin je trouve qu'elle ressemble un
peu trop au guitariste de Queen ... ou au Capitaine Crochet !
Vous dites que vous allez arrêter de tourner
pour vous reposer ... Vraiment pour vous reposer ou pour commencer
à enregistrer d'autres morceaux ? Et si oui dans quelles
conditions techniques ? avez vous une idée de ce que vous
voulez faire ?
Mathias : Eh bien on va se poser 3 semaines en
résidence au Maroc où on va pouvoir faire comme si
on était dans un atelier : poser tous les instruments dans
une salle et ne plus les bouger et experimenter des choses sur les
morceaux qui sont en train de naître. Voilà le projet,
et après on parlera de sortie de disque, nouvelle tournée...
Mais d'abord penser à l'écriture, fabriquer de nouvelles
choses et à le sentir au mieux possible. On a la chance d'avoir
la structure pour le faire : pendant 3 semaines ca va être
un peu le laboratoire, et on va voir ce qui se passe ... et ca c'est
super excitant, on va être un peu isolés et on n'aura
à penser qu'à ca.
C'est toujours un peu difficile de rentrer dans
quelque chose, puis d'en sortir et d'y rentrer à nouveau,
mais là ca va être un peu comme quand on veut apprendre
l'anglais et qu'on ne parle avec personne de français. Ca
va être un peu la meme chose, on va vraiment se mettre dedans,
et c'est un privilège que j'attends avec impatience.
Comme ca se passe au Maroc, est ce que ca va être
teinté de choses un peu orientales?
Mathias : On n'y va pas spécialement pour
ca, on n'y va pas comme un exercice de style genre "voilà
on va au Maroc alors on va ramener la carte postale un peu orientale
dans les chansons" , mais on est complètement ouverts
à des rencontres, comme pour toutes nos collaborations, humaines
et artistiques, mais on n'y va pas dans ce but précis, on
y va pour faire notre disque et voir ce qui va se passer.
Vous disiez que vous n'acheteriez pas les disques
de Peaches, y a-t-il un artiste ou un groupe, dans un passé
recent, pour lequel vous avez eu ce coup de coeur ?
Mathias : Le dernier disque que j'ai adoré,
ils ont joués ici mais je ne les ai pas vu, c'est Coco Rosie
et j'aurai adoré les voir mais là j'ai simplement
aimé le disque. La question c'etait si j'avais vu sur scène
et si ca m'avait donné envie ?
Oui, a priori vous écoutez les autres et
vous allez les voir alors est ce que vous avez flashé sur
quelqu'un ?
Mathias : Je me suis re-pris une baffe avec PJ
Harvey. J'avais déjà acheté tous ses disques
donc ca servait à rien, c'était gratuit, mais bon
je l'ai vu plein de fois il y a super longtemps et ca fait longtemps
que je suis fan et je l'ai revu, j'ai repris la claque. Je me suis
faufilé jusqu'au deuxième rang, j'avais à nouveau
14 ans et demi. Y'avait un mec à côté de moi
qui envoyait des baisers, et je me disais "il est con ! "
et deux minutes apres c'est moi qui le faisait !
Sinon j'ai redécouvert des trucs, genre
les premiers disques de Johnny Cash que je ne connaissais pas, les
premiers albums des Cramps , et sinon sur scène ... Buck
65, je crois que c'est LE truc de cette année. Il n'a pas
joué ici ? l'année dernière ? En plus il parait
que maintenant il joue avec un groupe, nous on l'a vu juste avec
sa platine c'était déjà terrible. On avait
juste acheté le dernier disque et du coup au merchandising
on en a acheté plein. Et d'ailleurs c'est aussi parmi les
idées d'éventuelle collaboration, d'éventuelle
production pour le prochain disque. Un mec qui est à la fois
fan de hip hop, qui dis dans ses chansons qu'il écoute Johnny
Cash et Tom Waits, ca ne peut être que du bon ! Et on a bien
envie de le rencontrer.
En fait on l'a un peu rencontré mais faut
voir eventuellement ce qui peut se passer. C'est que des idées
et des envies pour l'instant. C'est bien les périodes comme
ca : on fait des concerts, on a envie de faire de nouvelles choses,
y'a plein de choses qui naissent ...
Un peu après ou un peu avant PJ Harvey
vous avez vu les Pixies ?
Mathias: Ah ouais ! Je me suis régalé
mais j'ai eu moins de surprises. Je me suis régalé
car j'adore les morceaux, et c'était génial d'entendre
les Pixies jouer les morceaux des Pixies que j'adore. Et j'avais
peur que ca fasse un peu reformation baloche, et en fait pas du
tout l'intensité est là, ca n'a pas bougé d'un
poil, sauf qu'ils ont tous pris 50 kilos. J'avais peur que ca fasse
mongolfière au début : qu'ils décollent et
qu'ils ne puissent plus chanter en face du micro ... Non mais ils
le font toujours aussi bien mais voilà , c'est exactement
les même versions que les albums, alors comme j'adore les
morceaux j'ai passé un bon moment, mais j'ai pas non plus
pris une claque pour le concert en lui meme.
Plus terre à terre : il y a eu des bouleversements
chez Trema dernierement , est-ce que cela a eu des conséquences
pour vous ?
Mathias : Pour l'instant ca va, mais effectivement
Trema a disparu. Nous nous sommes retrouvé chez Barclay et
on est super content parce qu'on avait bossé avec eux sur
un album hommage à Ferré et ça s'etait très
bien passé. De plus on continue de travailler avec le directeur
artistique de Trema, qui était venu nous chercher dans une
petite salle de Marseille devant 30 personnes. Donc le lien va se
faire avec les autres personnes de chez Barclay qu'on avait déjà
rencontré. On est bien dans la même longueur d'ondes,
ils ont des groupes qu'on aime bien. Ca s'annonce bien et pour l'instant
on est toujours en liberté.
Il y a beaucoup de groupes de rock francais qui
sont arrivés,je pense à AS Dragon, Hushpuppies...
Vous disiez tout à l'heure qu'il fallait attendre que tous
les groupes de reggae et Ska passent, est ce que la période
n'est pas plus facile pour un groupe comme Dionysos aujourd'hui
?
Mathias : Non je pense qu'il n'y a pas de période
ou de mode. Ca n'est pas si important , nous nous sommes régalés
à faire les concerts dans les bars... Je n'ai pas l'impression
que ce soit une question de période. Nous ça fait,
combien ? onze ans ? putain ca fait vieux cons, vieux couple ...
vieux ! Il y a 11 ans on avait la passion pour les même groupes,
les Kills et les White Stripes n'existaient pas mais on aimait deja
le Velvet Underground, les Stooges, ou Television... On a fait notre
truc et on ne s'est pas dit "oh maintenant y'a le reggae alors
on ne le fait pas" . On a marché à l'envie et
à voir ce qui se passe et si on commencait pile aujourd'hui
on aurait la même démarche.
Oui mais les conditions même matérielles,
l'attention du public... ?
Mathias : Si c'est le cas tant mieux, on est content
pour nous et pour les gens qu'on a cité. Mais c'est difficile
de s'en rendre compte quand on est vraiment dedans. Notre vrai truc
c'est quand meme d'écrire des chansons de les jouer sur scène
et de les enregistrer. On ne s'est jamais vraiment préoccupé
de la conjoncture plus ou moins favorable. Peut être que tu
as raison et je le souhaite !
Vous avez parlé des Pixies qui ont fait
un truc très carré, est-ce que vous ne trouvez pas
qu'il n'y a pas assez de groupes qui prennent de risque comme vous
avez pu en prendre ?
Mathias : Chacun a son mode de fonctionnement,
moi je ne voudrais pas donner de leçon aux autres groupes,
ca serait ridicule et en plus j'ai horreur que les autres le fassent.
Y'a des groupes qui sont bien en jouant tout au clic et en rejouant
tout sur ordinateur et ils sont super fort, on va pas leur dire
de jouer live et de changer leurs chansons, s'ils le font bien.
Nous, notre façon de fonctionner, c'est de se faire peur,
de modifier, de jouer live, de jouer vraiment ensemble, d'essayer
d'apprendre en désapprenant avec des instruments qu'on n'utilise
pas forcement, de se débrouiller avec des jouets pour enfants,
et ce genre de trucs ça nous excite.
A partir du moment où on fait quelquechose
de nouveau on sent qu il se passe quelquechose de spécial.
Ca peut s'appliquer à d'autres groupes mais ce n'est pas
La grande vérité à suivre. Nous c'est comme
ça et faut pas qu'on se detache de ça car c'est comme
ca que l'on se sent vivants. Y'en a qui font toujours les mêmes
disques depuis 20 ans et qui font de super spectacles... regardez
AC/DC (rires).
Vous avez fait un DVD avec des films d'animations
et autres petites choses, quel travail cela a-t-il représenté
pour vous ? et êtes vous prêts à renouveler l'experience
?
Mathias : Tu imagines, Mike et moi torses nus pendant
la canicule l'an dernier, sur nos ordinateurs en train de suer dans
sa chambre, en train de recupérer des trucs pêchés
ici et là, en petite caméra, des souvenirs... On a
meme chopé une chauve souris qui arrivait dans la chambre
de Mike, cela nous a donné une idée et on a scannée
une chauve souris qui était sur une pochette de disque et
on en a fait une animation toute pourrie ! On s'est beaucoup amusé.
C'est quelque chose qu'on ne connaissait pas trop : faire un dvd
avec des bonus, et il y a eu beaucoup de fraicheur, on ne savait
pas trop ce qu'on faisait et on a marché à la sensation,
au plaisir.
On s'est apercu qu'on fonctionnait comme ca aussi
pour faire nos morceaux. Par exemple quand on a dérusher
les films des concerts pour le live on a choisi les trucs qui nous
faisaient vibrer. Le dvd c'est un super objet car il y a plein de
place, plein de possibilités, c'est ludique et tu peux t'adresser
aux gens de manière très personnelle. Je prefererais
que ca ressemble à un vinyl, ca serait encore mieux !
Pour en revenir sur votre besoin de se mettre
en danger, est ce que le travail en studio est une travail qui vous
embête ou est ce un plaisir different du live ?
Mathias : C'est un plaisir qui est aussi important
que le live. L'un n'existerait pas sans l'autre. Si c'était
une finalité de jouer en live ca perdrait tout son sens.
Ce qui nous excite c'est d'avoir des morceaux sur un disque et après
d'aller les défendre sur scène.
La marque de fabrique de Dionysos c'est un peu
cette pêche que vous avez du debut à la fin du concert,
vous vous donnez à fond, est-ce que vous avez toujours cette
pêche en debut de concert,ou est ce que parfois vous êtes
moins dedans et vous devez un peu vous forcer ?
Mathias : Tu ne te forces pas ! Mais tu entretiens
celà. Ce qui nous excite vraiment c'est la magie qu'on a
pu rencontrer de temps en temps, le fait est qu'on a réussi
à l'atteindre en se donnant à fond. Donc on se donne
la peine chaque soir de se mettre dans cet état de tout donner
pour essayer d'atteindre cette chose impalpable où tout peut
arriver. Des fois c'est plus dur que d'autres mais ca n'est pas
se forcer car dans ce cas tu ne pourrais pas te donner à
fond. Parfois on est plus fatigués et ce n'est pas toujours
facile, par exemple quand on a fait un super concert qui nous a
plu et durant lequel on a recu plein d'émotion, après
il faut redescendre, rentrer a l'hotel dormir et se remettre dans
le même état pour le concert suivant.
C'est pas évident mais c'est un privilège
tellement énorme de ressentir tout ca ! On ne va pas se plaindre
parce qu'on doit gerer notre adrénaline et nos émotions
! Quand on enchaine de super salles de concerts on peut bien se
remuer les fesses et ne pas se plaindre parce qu'on a pas beaucoup
dormi ! En fait ça me parait le minimum de tout donner, c'est
une base. Je ne me motive pas avant de monter sur scène en
me disant "il faut tout donner", c'est un truc qui est
"compris dans le lot" ... D'ailleurs ca veut pas dire,
parce que tu donnes tout, que c'est bien... T'as pas eu des experiences
comme ca avec les filles ? (rires) ... C'est jamais gagné,
et c'est ca qui est exctitant aussi. J'arrete pas de dire Excitant
moi ce soir ...
Pour le prochain album, après Albini, vous
avez envie de travailler avec ...
Mathias : ...avec quelqu'un d'excitant !
Avec Nigel Godrich par exemple ?
Mathias : Non, avec quelqu'un d'excitant on a dit
! Pas quelqu'un qui fait des beaux albums et qui lisse tout.
Albini le fait aussi, non?
Mathias : Lisser tout ? Non non. De toute facon
il peut tout faire mais c'est pas son but. Lui ce qui l'interesse
c'est de capter le groupe dans sa forme et dans l'humeur dans laquelle
il est. Nigel Godrich a fait de super beaux disques, Radiohead ou
le dernier Pavement, mais c'est pas un réalisateur qui nous
fait rêver. On rêverait plus à des mecs plus
improbables comme Tom Waits ou Lee Hazlewood. C'est juste dans le
domaine du rêve et de l'envie. Mais Albini, ça nous
paraissait inaccessible et on l'a eu au téléphone
avec un répondeur tout pourri, Mike a à peu près
assuré en anglais, et puis on a fini dans son studio à
jouer au billard avec lui ! Donc sait-on jamais, tout peut arriver
!
Mais vous n'avez pas déjà prévu
quelque chose avec quelqu'un ?
Mathias : Non pas encore. On commence à
se poser la question de peut etre le faire avec plusieurs, et on
a pensé aussi à Buck 65 par exemple.
Une question pour Babet : depuis le début
du groupe tu chantes de plus en plus, est-ce que sur les nouvelles
compo ça en prendra le chemin ? est-ce que c'est quelque
chose qui te botte de plus en plus ?
Babet : Pour les nouvelles compositions, elles
ne sont pas encore commencées donc je ne peut pas te dire
; mais c'est vrai qu'au début je ne chantais pas beaucoup.
La premiere chanson ça a été en live, et j'ai
appris à chanter sur scène. Je suis de plus en plus
à l'aise et je maitrise de mieux en mieux la chanson.
Mathias : Oui il va y avoir des choses avec Babet,
des petits duo, des petites choses.
Vous êtes un groupe qui tourne énormément,
je voulais savoir comment vous trouviez l'inspiration ?
Mathias : Justement parce qu'on tourne énormément.
Vous arrivez à écrire pendant les
tournées ?
Mathias : Tu n'écris pas forcément
directement mais tu en tires de la matière première
pour écrire. En rencontrant des gens et en vivant des trucs
assez forts. Y'a toujours les livres, les films et les disques qui
nous influencent mais tu feras jamais mieux que le vécu.
Vous n'avez pas besoin de temps
de pause ?
Mathias : Si, il faut un peu de temps, pour mettre
en forme, mettre en forme entre nous, pour écrire, et ça
on ne le fait pas forcement en tournée. Mais le fait de partir
à l'aventure ça reste un super moteur pour rebondir
sur la suite. Par exemple la façon dont tu joues les morceaux
de l'album d'avant, ça a une incidence sur les sensations
que tu as envie de retrouver, ce qui t'a plu au fil des concerts.
Je pense que ce n'est pas un "castre création"
d'être beaucoup sur la route, sauf si peut être on était
trop sur la route, on a failli à un moment mais on s'est
arreté avant de se faire mal.
Je me souviens une époque où on faisait
5 concerts d'affilée et on ne vivait que par le concert,
on ne profitait plus du tout de la vie normale, on était
comme des zombies. C'est bien de l'avoir expérimenté
mais ca n'est pas là qu'on est le plus interessant, car tu
n'es plus disponible pout les gens. Et si un jour tu as commencé
à prendre une guitare folk et que tu es parti faire des disques
et des concerts, ca n'est pas pour rester enfermé dans ta
chambre. La route c'est ca : un partage entre nous, comme sur scène,
avec le public et une vie : c'est un truc vivant ! Il ne faut pas
que ce soit la transposition des horaires de bureaux : balance hotel
manger ... Il faut que ce soit l'expédition ! Il faut protéger
cette ambiance un peu magique.
Et c'est jamais gagné, le fait qu'il y ait
quelque chose de spécial qui se passe c'est quelquechose
de très fragile. Des fois sur un morceaux t'arrive avec une
guitatre et tu écrases tout, il faut vite la retirée.
Ca se joue vraiment à pas grand chose et toute notre vie
il faudra qu'on fasse attention à ça. C'est plutôt
une bonne occupation.
Vous avez parlé de Tom Waits, est ce que
ca vous aurait plu d'être au générique de "Coffee
and cigarettes" ?
Mathias : Aaahhh oui carrément ! Je travaillais
sur lui à l'école : Je suis un fan inconditionnel
de Jarmusch et ca serait un rêve absolu de faire une musique
pour un de ses film. Que ce soit dans son côté Dead
Man, western, autant que Ghost dog, hip hop, tous ses films sont
extrêmement importants pour l'histoire du groupe. Presque
comme une rencontre : des films qui te touchent au point d'avoir
envie de reproduire les ambiances et de t'inspirer des personnages.
Certains livres nous font cet effet là, mais l'avantage avec
un livre c'est que tu peux l'acheter plusieures fois, c'est pour
ça que j'aime les livres de poches, tu peux le perdre, le
donner ... Ca ressemble beaucoup à des rencontres.
Et au générique en tant que comédien
ou autre ? entre Iggy pop et Tom waits !
Mathias : Y'a du chemin encore !
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