Pour Lali
Puna, groupe expérimental électro pop munichois
signé par le label allemand Morr Music, c'est
Valérie Trebeljahr (composition-claviers),petit bonbon
rose, et Kaspar Brandner (batterie), look
de docteur mabuse avec barbiche et lunettes arty qui prennent le
micro.
Quels souvenirs gardez-vous de vos premières
prestations scéniques notamment ici il y a 3 ans et quelle
évolution percevez-vous?
Valérie Trebeljahr : C'est très différent
car la mise en place au sein du groupe a changé. Nous jouions
avec des samples sur lesquels tout était enregistré.
Nous avons évolué dans le sens d'un groupe live et
nous utilisons des ordinateurs.
Kaspar Brandner : L'utilisation d'ordinateur donne
un son plus dense.
Votre son est-il très lié à
Walheim, votre ville d'origine comme celle de Notwist qui a une
scène musicale électro-pop très vivace, ou
sonne-t-il plus international ?
Valérie Trebeljahr : Walheim est très
important pour nous car nous sommes un cercle d'amis et il y a une
terre commune. Beaucoup de projets tournent autour de Notwist c'est-à-dire
des frères Acher, Console, Martin Gretschmann, MS john soda,
Tied & Tickled Trio. Mais je ne pense pas que l'on fasse une
musique dite allemande. Notre son sonne international. Le label
Morr music s'ouvre aussi sur l'international.
Vous faites beaucoup de concerts; votre musique
est-elle appréhendée de la même manière
dans tous les pays?
Kaspar Brandner : Non. Il y a des perceptions nationales.
Par exemple si on compare la Suède et la Pologne. En Suède,
il y a une prédominance de la culture rock donc nous nous
sommes sentis un peu hors contexte. En revanche, la Pologne est
beaucoup plus réceptive.
Comment ressentez-vous le fait d'être très
apprécié par Tom York de Radiohead ?
Valérie Trebeljahr : C'est la question que
l'on nous pose à chaque fois. Nous en sommes très
fiers. Cela nous a beaucoup aidé. Nous sommes en contact
avec eux. Cela date de l'époque où Radiohead a été
rédacteur en chef des Inrocks et il a fait une chronique
sur Tricoder, notre premier album. Et en fait, c'est plutôt
Colin Greenwood qui est fan.
Pensez-vous qu'on vous écoute uniquement
parce que ce que vous faites plait à Radiohead ?
Valérie Trebeljahr : Non, je ne pense pas.
C'est en fait comme si un de vos amis vous conseillait un groupe
qu'il apprécie.
Pensez-vous que les évolutions techniques
en matière électronique pourraient affecter ou influencer
votre travail ?
Valérie Trebeljahr : Cela aura des influences
mais pas tant pour moi que pour le
public un peu âgé qui devra s'habituer à de
nouvelles technologies.
Pensez-vous que cela pourrait conduire à
la disparition de la chanson format 3 minutes?
Valérie Trebeljahr : Non, je ne pense pas.
C'est le même débat que celui de l'impact d'internet
sur le journal papier. Cela changera peut être la manière
d'écouter de la musique mais certainement pas le processus
de création de la musique.
Quels sont les projets de Lali Puna?
Valérie Trebeljahr : Les tournées
sont vraiment très éprouvantes et fatigantes. Je ne
travaille donc pas en tournée. Et puis Lali Puna va faire
un break après cette tournée. Nous irons aux Etats
Unis et nous ferons ensuite une pause. Il y a les projets d'album
de Console et de Notwist donc Markus Acher sera très peu
disponible. Je travaillerais sans doute pour moi mais le prochain
album de Lali Puna ne sortira pas avant 3 ou 4 ans.
En quoi la présence de Markus Acher qui
appartient aux groupes Notwist et Console affecte-t-il le répertoire
de Lali Puna ?
Valérie Trebeljahr : Chaque membre de Lali
Puna a droit à la parole et influence le groupe. Markus a
écrit plus de chansons pour les albums précédents.
Nous formons un vrai groupe. Les compositions sont écrites
par Markus et moi-même mais en studio chacun apporte sa part
pour faire évoluer le morceau.
Avec le recul, comment analysez-vous l'évolution
de Lali Puna en 3 albums ?
Kaspar Brandner : "Tridecoder" était
basé sur le son électro. Sur "Scary world theory"
nous avons beaucoup travaillé sur les samples et "Faking
the books" ressemble beaucoup à ce que Lali Puna donnait
sur scène, un vrai groupe live.
Allez-vous aider Markus pour le prochain album
de Notwist ?
Valérie Trebeljahr : Non. Il s'agit de groupes
bien distincts. Et puis nous évitons ce genre de travers
car cela deviendrait vite répétitif.
Le dernier album me paraît avoir un côté
rock assez prononcé et fait penser au rock du début
des années 90 comme Lush, Ride, même un peu Cure. Avez-vous
ces influences ?
Valérie Trebeljahr : Oui, nous sommes conscients
de ce côté plus rock. Nous voulions inclure plus de
guitares dans le dernier l'album mais cela s'avère très
difficile d'inclure dans la structure électronique de notre
musique des morceaux de guitare solo. My Bloody Valentine était
notre point de repère.
Pensez-vous qu'il y a un revival du shoegazing,
Morr music ayant remis au goût du jour Slowdive ?
Valérie Trebeljahr : Pour moi, ce n'est
pas vraiment ma culture sauf My Bloody Valentine mais beaucoup des
gens qui gravitent autour de Morr Music ont grandi avec cette musique,
celle de My Bloody Valentine, de Cocteau twins.
Vous venez ici pour la 2ème fois. Il y
a 3 ans vous jouiez en début de soirée et il faisait
extrêmement chaud. Aujourd'hui, le temps est plus frais et
vous jouerez plus tard. Comment vous sentez-vous?
Valérie Trebeljahr : Nous voulions vraiment
revenir ici car il s'agit d'un beau et important festival. Il y
a 3 ans nous avions enchaîné sur une tournée
en France et la Route du Rock était vraiment une référence
de qualité.
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