Une maison d’édition de romans et une boite de production de cinéma s’associent pour lancer une nouvelle collection de romans-adaptables sur le grand écran, ça donne Vendredi 13, LA nouvelle collection de romans. Pour meubler tout ça, rien moins que 13 romanciers, 13 récits, 13 lieux, 13 histoires, pour une sortie le 13 du mois.
Et pour bien commencer l’histoire, autant s’entourer d’auteurs reconnus, dont Pierre Bordage, qui signe son 45ème roman avec L’arcane sans nom, un récit d’action contemporain. Le roman plonge directement le lecteur dans le dilemme de Sahil, un déserteur de l’armée Afghane. Il a fuit son pays et ses combats sur un coup de ras-le-bol-de-fusiller-des-jolies-paysannes-peut-être-suspectes-aux-yeux-verts. C’est par un banal concours de circonstances qu’il a rejoint de squat de Méphisto et de ses comparses satanistes, dont la pulpeuse Ten.
Mais il se trouve que Sahil veut passer en Angleterre, plus accueillante envers les immigrés, et peu regardante de l’origine de ses concitoyens, mais pour cela, il lui faut de l’argent, qu’il ne possède évidemment pas. Méphisto lui propose alors LE plan du siècle : tuer cette jolie blonde entourée de ses gardes du corps patibulaires. Oui mais, Sahil sent le piège (il était quand même soldat dans la patrie de Ben Laden, ça forge les intuitions), le contrat n’est en fait qu’un aller simple pour la mort, avec exécution du contrat, et exécution de l’exécutant (les gardes du corps sont armés eux aussi).
Sahil, hanté par ses souvenirs de Kaboul, file donc vite fait bien fait dans ses pénates, où les méchants l’attendent pour lui trouer la peau. Ce qu’ils ne font pas, Sahil est toujours soldat dans l’âme, il devient en plus un réfugié traqué par des russes peu scrupuleux. En plus de la fidèle Ten, Djidjo, une fillette Rom extralucide, aide Sahil à fuir, toujours plus au Nord, direction ex-Sangatte, suivis par les méchants et leurs GPS traceurs.
Une écriture efficace, peu de personnages, une lecture haletante, pour une intrigue à bout de souffle, Pierre Bordage emmène son lecteur du début à la fin de son roman d’un train d’enfer. La lecture du roman laisse la même sensation que 45 minutes avec Jack Bauer, comme si j’avais lu un film, un régal.
Pour les nuls, dans l’art magique et la prestigitation, l’arcane est "l'explication gardée secrète du fonctionnement ou de la série de passes grâce auxquelles est réalisé le tour". Dans ce roman, s’il fallait nommer l’arcane sans nom, ça serait la poisse, ou la O’beng de Djidjo, c’est la mort, la faucheuse, la camarde, la fossoyeuse, sous les traits de vilains méchants politiques et de Russes armés sans nom.
En plus d’une intrigue foisonnante de rebondissements, le roman nous fait réaliser la difficulté de vivre dans un pays qui ne partage pas vos convictions, nous rendant peut-être plus indulgents avec ces Roms soi-disant pollueurs d’espace et même plus ouverts d’esprits avec ces satanistes et leurs pseudo-exécutions au sang de poulet. Le genre d’histoire qui coûte une nuit blanche pour arriver au bout. |