Record d'affluence pour
la conférence de presse de Peaches
; les curieux se pressent ! Un brin déçu sans doute
par sa sobre tenue tant vestimentaire que comportementale. Car c'est
Merrill Nisker qui répond, une petite bonne femme
menue et fragile à l'air désespérement triste.
Les quelques questions concernent bien évidemment les incidents
qui émaillent ses prestations scéniques qui provoquent
souvent des réactions violentes des spectateurs à
son encontre.
Et à plusieurs reprises, elle répétera :"
I made music there is no question about my music ?"
Comment
allez-vous?
Merrill Nisker : Bien. Merci.
La dernière fois que vous êtes venue
à la Route du Rock ce fut épique. Vous étiez
avec Gonzalès et vous aviez fait les fous.
Merrill Nisker : Oui, il y a 4 ans c'était complètement
fou.
Quelle impression cela fait-il de jouer avec
les Stooges ?
Merrill Nisker : C'était fantastique spécialement
en Slovénie. Ça m'a rendu complètement dingue.
Dans votre album Fatherfucker, il y a une collaboration
avec Iggy Pop. Comment cela est-il arrivé?
Merrill Nisker : Par accident. Iggy Pop est venu me voir
jouer à LA et il a apprécié. Ensuite, Iggy
Pop m'a rappelé pour savoir s'il pouvait faire une reprise
de "Rockshow". Electric 6 voulait faire la même
chose. Ensuite, Iggy Pop a joué sur mon album.
Vivez-vous toujours à Berlin et qu'aimez-vous
dans cette ville?
Merrill Nisker : Oui. Mais vous savez beaucoup de choses
arrivent par hasard pour Peaches. Je ne pensais pas faire une carrière
avec Peaches. Je suis venue à Berlin pour un concert et un
petit label Kitty Yo m'a signé. Je suis venue m'installer
à Berlin parce que c'était en Europe et que je devais
changer de vie.
Vous étiez sur la tournée de Marylin
Manson. Quelle a été la réaction du public?
Merrill Nisker : Cette tournée s'appelait
The grostesque burlesque tour et voulait
recréer l'atmosphère burlesque des années 20.
Je faisais une courte apparition sur scène mais j'ai néanmoins
choqué le public. Du coup cela m'a amené plein de
fans gothiques. Mais à Paris ça s'est mal passé
parce que je me suis faite cracher dessus au moins une vingtaine
de fois. Donc, ça m'a énervé et je suis allée
dans le public. Je lui ai craché dessus et je lui ai tapé
dessus avec mon micro.
A quoi doit-on s'attendre ce soir?
Merrill Nisker : J'ai amené mes danseuses qui seront
barbues et munies de godemichets rouges. J'aurais une très
belle guitare. Ça fera comme du Kiss.
Vous avez participé à un documentaire
Sex and rock. Que pensez-vous de la place des femmes dans le rock
et pensez-vous participer à cette histoire?
Merrill Nisker : Je pense que les femmes devarient commencer
à parler des hommes dans le
rock et les hommes devraient commencer à parler des femmes
dans le rock. Je suis contre la getthoïsation. Le féminisme
débouche sur une impasse qui a donné naissance aux
groupes comme les Spice girls ou inclusifs comme les Riott girls.
En tant que femme j'essaie d'intégrer la partie femme et
la partie homme. Les hommes devraient être plus objectifs
dans leur manière d'aborder les femmes. Beaucoup de chansons
demandent aux femmes de bouger leurs corps, leurs fesses, leurs
seins mais ne demandent jamais aux hommes de remuer leur bite. Ça
manque énormément dans la musique.
Que s'est-il passé lors du concert à
Nottingham ?
Merrill Nisker : On m'a lancé une pile, une canette.
Cela me rend encore plus hardcore. J'ai renvoyé la pile dans
la figure de celui qui me l'a lancé. Si je craquais lors
de ces incidents, ils gagneraient. Or moi, je veux rester sur scène
et je réponds par plus de provocation.
Toute l'équipe avec laquelle vous avez
commencé, comme Gonzalès ou Feist, s'est reconvertie.
Seule vous continuez dans la voie initiale. Ne craignez-vous pas
la confusion entre vous Merrill Nisker et le personnage de Peaches
?
Merrill Nisker : Non. Je n'ai pas du tout peur
car je ne commet aucune confusion. Je sais exactement qui je suis.
Je suis devenue musicienne rock par accident parce
que je jouais de la guitare acoustique et de la musique folk. Ensuite
j'ai fait de l'avant-jazz. Puis j'ai rencontré Feist et Gonzalès.
Nous voulions innover dans la musique. J'ai trouvé ma voie.
Feist a un visage d'ange et joue de la guitare comme un démon.
Le premier amour de Gonzalès est le piano. Nous sommes restés
des amis très proches.
Il n'y a jamais eu autant de monde présent
à une conférence de presse depuis le début
du festival. Etes-vous consciente du fait que vous attirez le public
davantage par votre personnage que par votre musique ?
Merrill Nisker : Je me rends bien compte que peu de gens
me posent des questions. Peut-être devrais-je poser des questions
? Pourquoi êtes-vous venus ?
Pourquoi êtes-vous venue à la Route
du Rock ?
Merrill Nisker : Ce que je fais dans mes concerts est
normal pour moi. Je ne cherche pas à choquer mais à
être acceptée. Ici ce n'est pas un festival de rock
mais de pop. J'aimerai bien que la musique mainstream soit un peu
plus subversif et que la musique underground soit davantage mainstream.
Face aux réactions très violentes
que vous essuyez en concert qui sont autant de manifestations d'intolérance,
vous êtes-vous fixé une limite?
Merrill Nisker : Il n'y a pas de limite. Ce qui
me dérange beaucoup pour les femmes dans le rock c'est que
lors de stage diving, il y a toujours des hommes qui essaient de
mettre le pouce dans la culotte, ce qui est souvent arrivé
à Courtney Love qui est une de mes amies. La limite est dépassée
par le gars et c'est à la femme de réagir, de se mettre
devant lui, de lui ôter sa chemise, son pantalon et de l'attraper
par les couilles et de les lui écraser. Les réactions
violentes viennent également des femmes qui m'ont pressé
les seins. On m'a mordu, piqué, griffé. Ça
les excite aussi.
Je fais de la musique. Personne n'a de question
sur ce sujet ?
Avez-vous un nouvel album en préparation
et dans l'affirmative,
quelle en sera la thématique?
Merrill Nisker : Non. Pour le moment, je n'ai aucun projet
d'album. Je n'ai vraiment aucune idée
de ce que cela pourrait être car je n'ai pas eu une minute
pour y penser car je tourne sans arrêt depuis un an. Avez-vous
une idée ?
Des chansons d'amour romantiques.
Merrill Nisker : Non désolée c'est à
Feist de les faire.
Du blackmétal acoustique.
Merrill Nisker : Ça sonne fantastiquement bien.
Pour l'avenir abandonnerez-vous votre groove box
qui revient à la mode chez beaucoup de groupes ?
Merrill Nisker : Il est vrai que cette formule
est un peu à bout de course. En même temps, ce n'est
pas vraiment une marque de fabrique puisqu'on a du mal à
me mettre une étiquette. Dans les magasins, on trouve mes
albums aussi bien au rayon indé qu'électro. J'ai fait
quelques remixes intéressants cette année dont un
pour Yoko Ono, Kiss Kiss Kiss que je vais jouer ce soir, les butthole
Surfers qui s'appelle Red neck sex que j'adore. C'est un des moments
les plus exaltants de ma carrière.
Vous disiez que pour les gens éprouvaient
des difficultés à apposer une étiquette sur
votre musique. Si vous deviez le faire quelle serait-elle ?
Merrill Nisker : Je ne suis pas française,
je n'aime pas les étiquettes. S'il le fallait, ce serait
bien, extraordinaire, brillante, merdique... Mais je ne sais vraiment
pas. Electronique punk ?
|