Comédie politique de Jacques Jouet, mise en scène de Gérard Lorcy, avec Sylvie Jobert, Dominique Laidet, Jehanne Carillon, Francis Coulaud, François Decayeux et Nora Gambet.

"Une ronde militante" se présente comme une comédie politique. Il s'agit pour l'auteur Jacques Jouet de retracer la vie militante en France sur 50 ans : des années 50 aux années 2000.

Les années 50, le communisme est perçu comme l'horizon à atteindre pour une vie meilleure. Les années 60-70, à travers les grèves et les occupations d'usine, l'engagement ouvrier et populaire est à son apogée, chacun lutte pour sa part du gâteau d'une économie florissante.1981, les élections présidentielles sont remportées par François Mitterrand, la gauche est enfin au pouvoir, le gouvernement accueille en son sein des ministres communistes. Les années 90, 2000, les revendications sociales se détournent du parti, d'un appareil sclérosé qui se délite de toutes parts. Le Mur de Berlin est tombé sous la pression populaire, levant le voile sur les espoirs déçus et les illusions perdues.

La ronde est le fil de la vie sur trois générations. Des parcours investis par l'engagement politique. Entre enthousiasme et désillusions, entre aveuglement et renoncement, jusqu'à la visite des fantômes du passé comme celle de Kroupskaïa, la veuve de Lénine. Elle murmure: "les morts ne font pas que mourir", ils témoignent en effet d'une action possible, collective autant qu'individuelle.

A travers ces sept tableaux où le metteur en scène Gérard Lorcy inscrit ses personnages dans un contexte historique , il nous invite à rejoindre la ronde de ces anonymes qui ont mis leur corps et leur coeur dans l'espoir de la Révolution. Les "indignés" d'aujourd'hui sont les justes héritiers de ces morts qui n'ont pas fait que mourir.

Jehanne Carillon, Sylvie Jobert, Nora Gambert, Francis Couland, François Decayeux et Dominique Laidet jouent une partition subtile car ils se tiennent à la bonne distance, militants sans être prosélytes, se fondant dans les corps de ce groupe de personnes, sujets de tensions entre les aspirations idéalistes et les intérêts individuels.

L'histoire des militants communistes est une belle histoire désenchantée, qui brille encore dans le lointain, celle de l'espoir du soulèvement des peuples contre leurs oppresseurs.