Seule en scène écrit par Esther Vilar, interprété par Nathalie Mann dans une mise en scène de Thierry Harcourt.
2040, un nouveau pape est nommé mais l'église catholique a bien changé. Le Vatican a vendu aux enchères toutes ses richesses pour les redistribuer aux pauvres et a accordé à ses fidèles de nombreuses libertés, jusqu'au mariage homosexuel. Le pape n'est plus nommé à vie par des cardinaux mais élu par les fidèles eux-même et pour quatre années seulement.
Malgré toutes ces concessions le nombre de catholiques n'a jamais été si bas. Ils ne cessent de se détourner de cette église qui leur laisse tous les choix pour suivre le premier maitre à penser venu ou s'enchainer dans de puissantes sectes.
Cependant en cette année 2040, on assiste à une petite révolution puisque c'est la première fois qu'une femme accède au titre suprême de pape.
Dans une homélie papale digne d'un one woman show politique, retransmis depuis un studio de télévision newyorkais et rythmé par les publicités des sponsors qui ont bien voulu financer l'émission, cette nouvelle papesse revient sur le parcours chaotique de l'église qu'elle représente, ses choix, ses conséquences, fait le bilan en somme de ses prédécesseur avant d'interroger tranquillement mais aussi implacablement la foi de ses fidèles, sur tous les points qui font ou ont fait l'essence même du catholicisme : moralité, absolution, rédemption, fidélité, austérité, charité... elle pose les questions, formule les réponses et tire les conclusions qui s'imposent, aussi choquantes soient-elles.
En s'appuyant sur un texte magistrale de la féministe Esther Vilar écrit en 1982 mais d'une troublante actualité, et adapté pour l'occasion par Robert Poudérou, Nathalie Mann campe une papesse ambigüe et dérangeante.
La mise en scène de Thierry Harcourt est des plus sobres. Il livre sa papesse sans fioriture ni arme aux caméras et ne lui offre comme espace de repos que les encarts publicitaires qui la voient alors courbée dans un petit recoin éclairé de rouge et de vert, tel un boxer entre deux rounds, se désaltérant et se concentrant sur le prochain assaut.
A la fois séductrice et sobre dans une soutane sévère qui dévoile toutes ses formes féminines, Nathalie Mann accentue la froide ironie de la dissection de notre société et de la religion qu'elle s'est inventée, tout en faisant preuve d'un fondamentalisme religieux des plus impies, allant jusqu'à affirmer que le Christ était un humaniste athée pratiquant l'hypnose avec le plus grand succès, tout en prônant le retour à une autorité papale absolutiste et divine.
Le spectateur est ainsi tenu en haleine, se demandant sans cesse jusqu'où va bien pouvoir aller cette papesse d'un nouveau genre, ou plutôt ne pas aller, et il se laisse séduire voire fasciner par le discours des plus rationnels, et qui semble pourtant échapper au bon sens le plus commun, qui lui est servi.
Véritable exercice de style digne des plus grandes écoles politiques l'homélie se transforme petit à petit en une subtile manipulation de masses qui ne peut laisser indifférent.
Un spectacle édifiant et qui pose de nombreuses questions. |