Je suis amoureuse, comme une midinette de 13 ans et demi devant le type blafard à l’hygiène douteuse qui se prend pour un vampire. Moi ce sont les beaux gosses en perfecto qui me font cet effet, et là, j’en ai quatre d’un coup : Grégory Blanchon, Arnaud Lesniczek, Julien Jacquin et Seb Graville. Le classique quatuor de tout groupe rocky : un chanteur (également guitariste, encore mieux pour séduire), des rythmes batterie-basse, et encore une guitare machin. C’est Huck, des nouveaux, des français qui promettent Faire parler la foudre.
Les guitares entêtantes sautent aux oreilles, inconditionnellement, pendant les quarante minutes de musique, des piquantes, des obsédantes, des vibrantes, des douces, des envoûtantes, des flamboyantes, des incandescentes, des ardentes… pour une musique passionnée et des envolées passionnelles. Et c’est là qu’ils sont pour moi la réelle touche française du rock, toute en force retenue et en noirceur assumée.
Leur message ? S’il est question d’idées affichées, pas mal de classiques, mais bien visités, comme un Stéphane Bern qui revisite un vieux palais poussiéreux. Il y a l’amour, évidemment ; un homme qui tremble d’impatience face à l’amour : "Les étincelles", "j’en ai prix plein les yeux", hum, moi aussi. Une belle ballade pour aimer sans concession ("Si tu y mets du tien"), "tu ne deviendras pas un souvenir anecdotique".
Et forcément, la copine de l’amour : la passion, qui guide à la folie, à la haine, à "La foudre", les envies de vengeance et les bien-fait-pour-toi, avec les je-m’en-tape, et les rien-à-faire, "qu’ils aillent tous se faire foudre". Des poètes ? Je crois que oui, parce que ce n’est pas évident de dire des choses percutantes sans être vulgaire, et le pari est gagné ici, une petite lettre leur permet d’envoyer promener pas mal de monde.
Pour compléter tout ça, la vie quotidienne, la colère ("Fils de rien"), le désespoir, nous ne sommes personne, laisser tomber le paraître, ne pas sourire quand ça va pas, "Plutôt que". Pas la peine de faire semblant, si ça va pas, et ben ça va pas.
Mais ils m’auraient déçue s’ils n’avaient pas parlé de rupture, et ils passent l’épreuve avec brio, en une superbe ballade, ode au souvenir ("A jamais"), "souviens-toi de moi", avec cette entêtante guitare qui accompagne et suit le propos avec fougue et tristesse.
Finalement, cet album me fait penser à l’automne, avec sa mélancolie, ses feuilles qui tombent et ses promesses d’hiver froid et silencieux. Huck est très french, donc très class, et fait parler la foudre comme le font les grands séducteurs, sans baratin et avec beaucoup de retenue. |