Frànçois and The Atlas Mountains est une formation qu'on rencontre déjà depuis plusieurs années au gré de la route, des concerts et des festivals. Après avoir vécu à Bordeaux, à Bristol ou avoir accompagné le groupe glasgwegien Camera Obscura, l'élégant Frànçois est la première signature française du label Domino Records (Kills, Tricky, Anna Calvi, Arctic Monkeys...) avec son album E volo love chanté à la fois en français et en anglais. Nous avions donc rendez-vous en fin d'après-midi dans les locaux parisiens de son nouveau label afin d'en savoir un peu plus sur son parcours, son disque et la manière dont il vivait cette récente exposition médiatique.
L'album est à la croisée de multiples couleurs musicales, "Soyons les plus beaux" inspiré de musique malienne ou "Muddy heart" dans un esprit de pop écossaise. Est-ce une écriture qui se nourrit des voyages, ou trouves-tu ton inspiration à l'écoute d'autres artistes au gré de l'humeur du moment ?
Frànçois : Tu as tapé dans le mille, tu as en plus bien choisi tes exemples. Ces deux morceaux ont été composés à l'étranger. J'ai écrit "Soyons les plus beaux" alors que je voyageais dans le maghreb. Quant à "Muddy heart", c'est une chanson que j'ai composée sur le piano de mon colocataire lorsque j'habitais Glasgow. Je me nourris de l'univers dans lequel je suis plongé, de ce qui m'entoure au moment de l'écriture.
Par contre, sur "La piscine", on retrouve l'influence de Dominique A. Sur la musique, mais aussi dans l'écriture des textes.
Frànçois : J'ai écrit des chansons encore plus "dominique-aïennes". "La piscine" est une chanson déjà un peu ancienne. A l'époque, sa musique me remplissait vraiment.
Sur "Cherchons des ponts", chanté en duo avec Françoiz Breut, apporte-t-elle autre chose qu'uniquement sa voix ?
Frànçois : Je ne sais pas comment elle le prendrait si je lui disais ça, mais mon idée était d'avoir un couplet chanté par une voix plus mûre qui pourrait apparaître comme celle d'une aînée porteuse d'une certaine sagesse.
"City kiss" me fait penser au groupe bordelais Gamine. Bordeaux, encore un endroit où tu as vécu.
Frànçois : On m'a parlé en effet plusieurs fois de Gamine. Je ne les ai jamais écoutés, il faut que je m'y mette. J'ai passé du temps à Bordeaux dans les années 2000. Les popeux bordelais que je fréquentais alors le plus, c'était les Calc. L'inspiration sur "City kiss" vient plutôt d'Electrelane.
Lors de la conception de l'album, puisque tu es la première signature française du label indépendant anglais Domino, as-tu dû faire des concessions ?
Frànçois : Non, au contraire. Lorsque j'avais des doutes pendant l'enregistrement, je leur envoyais parfois des pistes pour leur demander leur avis. Mais je n'avais comme retour que des "Oui. C'est bien. Super !". J'étais toujours le critère qualitatif final. Aujourd'hui j'ai des retours très positifs sur l'album, pourtant je n'en suis pas entièrement satisfait. Je suis très critique envers mon propre travail.
Quel était, par rapport à tes disques précédents, la ligne directrice pour celui-ci ?
Frànçois : Je voulais un album plus pop, moins contemplatif. D'ailleurs la pochette, plus lumineuse, va dans ce sens. L'image attire plus l'attention que les pochettes de mes précédents disques. Les titres sont aussi plus directs, parlent d'eux-mêmes plus rapidement. Je crois qu'on peut les apprécier dès la première écoute, sans devoir forcément s'y plonger longuement.
D'ailleurs à propos de la pochette avais-tu ton mot à dire ?
Frànçois : Oui, c'était d'après une de mes idées. N'étant pas photographe moi-même, j'ai expliqué à la photographe ce que je souhaitais. Elle a très bien cerné l'idée, une sorte d' Icare héberlué, tombé du ciel, au petit matin qui ne sait pas où il est.
Ton expérience d'artiste peintre influence-t-elle aussi ton écriture ? On trouve beaucoup d'images dans tes textes.
Frànçois : Je pense plutôt être devenu peintre parce que j'ai un amour de la contemplation. En peinture, j'aime par exemple énormément Sisley. Je peux aussi rester des heures à regarder la pluie tomber. Je ne m'ennuie jamais. C'est donc plutôt à cause de ma personnalité que j'écris des chansons descriptives où il ne se passe pas grand-chose.
A l'écoute de l'album, il m'a semblé que tu cherchais une forme d'approbation plus que de succès, d'approbation de tes pairs, des autres artistes ou autres musiciens.
Frànçois : Je ne recherche absolument pas l'approbation de mes pairs. Dans ce milieu, il est très difficile de se fier à ce que les gens te disent et à leur jugement. Comme tu as beaucoup d'amis, par courtoisie ou parce qu'ils te connaissent, les gens ne vont pas toujours exprimer leurs impressions. Tous les musiciens que je fréquente sont devenus des amis, ils ne vont donc pas me dire que ce que je fais est pourri. En revanche, je suis en recherche d'approbation par rapport à la société. Par exemple, le fait d'être ici en interview, d'avoir un horaire à respecter, me donne l'impression d'avoir trouvé une place dans la société.
Comment se présente ton avenir après cet album ?
Frànçois : J'ai envie de continuer à tourner. J'aime vraiment bien donner des concerts. Pour le groupe, c'est un moyen de développement musical. On est ravi de continuer à faire cela, d'autant que les conditions de concert deviennent de plus en plus confortables. J'aimerais néanmoins pouvoir m'aménager des plages de temps pour retourner à une routine plus réelle.
Est-ce que ces conditions de concert plus confortables signifient aussi de pouvoir tourner avec un nombre de musiciens plus conséquent ?
Frànçois : Dans l'idéal, j'aimerais bien qu'on soit six ou sept sur scène, mais financièrement actuellement il nous est impossible d'être plus de quatre. Si ça marche bien, peut-être pourrons-nous être cinq l'année prochaine.
Tu parlais en tout début d'interview d'inspiration venue durant les voyages, mais réussis-tu aussi à écrire en tournée ?
Frànçois : Il y a beaucoup de groupes qui écrivent sur la vie de musiciens en tournée, voire sur la vie de rock star. Je trouve cela un peu stérile. Comme je nourris mon inspiration de ce qui m'entoure, la tournée ne me semble pas du tout le meilleur moment pour écrire. Par contre, c'est un moment privilégié pour approfondir les échanges avec les musiciens.
Les musiciens de l'album et ceux de la tournée sont-ils les mêmes ?
Frànçois : Justement, non. Cela nous permet d'ailleurs d'interpréter les chansons différemment. On s'ennuierait si on devait les interpréter à l'identique du disque. On trouve ainsi une énergie différente.
Derrière ton projet, où est la femme ?
Frànçois : (rire) Elle est multiple. C'est beaucoup de projection, de rêve de partage et d'échange, de femmes que j'ai cotoyées, des rapports que j'ai établis avec elles. Oui, la femme est multiple.
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