Les concerts programmés le soir d'Halloween ont toujours laissé place à l'imagination collective.
On se souviendra notamment de cette superbe rumeur balancée par les associations catholiques américaines, comme quoi Marylin Manson allait faire exploser la salle de concert dans laquelle il se produisait.
Pas question de cela cette année, même si les groupes présents ce soir à Lille ont quelque chose de morbide : Motörhead au Zenith (des mecs qui chantent "Kill By Death" ça n'est quand même pas anodin) et Death In Vegas au Splendid (tous deux programmés dans le cadre du festival Ground Zero).
Pour ma part, je m'en vais au Splendid. Halloween toujours, à peine arrivé il fallut faire face à une abomination sonore, un Dj absolument médiocre qui insultait le public qui restait de marbre face à ce grossier personnage qui ne se contentait en fait que de passer des disques de PIL, Prodigy, Grauzone tout en dansant avec une grâce comparable à celle d'un babouin torché. On ne mentionnera donc pas son nom afin de ne pas lui faire de publicité.
Death In Vegas arrive tardivement sur scène à cause d'une intro ambient un poil trop longue, avant d'envoyer la sauce avec "Your loft, my acid" (de l'excellent dernier album) et le fameux "Dirge" de la non moins fameuse publicité pour des jeans.
Le groupe est très bon, mis à part le batteur qui s'égare parfois, mais je soupçonne aussi le fait qu'il était sous mixé, rien de bien grave donc.
En y réflechissant bien, voir Death In Vegas en live aujourd'hui c'est un peu comme avoir vu Joy Division (la rythmique et l'ambiance de la setlist proposée rappelle des morceaux comme "Atmosphere") et Hawkwind (pour les lignes de basses, l'omniprésence d'un moog particulièrement spatial et la transe que tout cela procure) dans les années 70. D'ailleurs, le spectre de Ian Curtis est probablement mort d'une crise d'épilepsie à cause des effets stroboscopiques ; en revanche le spectre de Lemmy n'est définitivement pas loin et bien vivant.
Mais tout cela est bien plus planant et l'on reprochera simplement au groupe de Richard Fearless de ne pas avoir développé sur scène le côté dark et industriel de leur dernier disque, dont ils joueront seulement trois morceaux dont un "Savage Love" d'anthologie juste avant le rappel. Commencer le concert, avec "Silver Time Machine"/"Black Hole" (la même intro que sur le disque) aurait était bienvenu.
Le groupe revient sur scène pour rejouer le tube "Hands Around My Throat" qui est l'une des meilleures chansons des années 2000 et qui a vraiment pris de l'ampleur sur scène depuis la tournée pour l'album Scorpio Rising dont il était issu, et qui fut un véritable fiasco car Fearless privilégiait la machine à l'homme. L'excellent concert de ce soir fut donc la preuve que le jugement dernier n'est pas près d'arrivé !
Il est à peine 22h15 et tout le monde est déjà dehors. Je me suis alors dit qu'il était peut être encore possible d'aller au concert de Motörhead. J'arrive donc au Zénith, mais il était déjà trop tard pour rentrer.
Le son sur scène a l'air incroyablement lourd, puisqu'il m'était par contre possible d'entendre à la perfection ce qui émanait du bloc.
C'est alors que j'entendis vrombir la double pédale de Mikkey Dee, annonçant un "Overkill" des plus démoniaques. Une fois le morceau fini je compris que le concert l'était aussi puisque la foule se mit à sortir. Je m'y suis donc mêlé et me suis dit que c'était quand même la lose. Alors pour rattraper le coup, j'ai demandé un report du concert à plusieurs fans.
L'un d'entre eux m'a confié que c'était la 34ème fois qu'il les voyait et que c'était toujours aussi puissant, et qu'on ne pouvait décemment pas être déçu. Ce qui est parfaitement logique en fin de compte, puisque Motörhead est considéré comme l'inventeur du Heavy Metal avec Black Sabbath. Ozzy Osbourne himself le reconnait lui-même en disant que l'on hésite souvent entre ces deux groupes alors que l'on devrait hésiter entre Lemmy et Motörhead. A méditer.
Motörhead est un groupe increvable, à l'instar de son éternel leader qui à propos de ça a toujours ironiquement dit que le secret était de ne pas mourir. Pourtant, je meurs de frustration de ne pas avoir aperçu la machine de guerre ne serait-ce qu'une seconde. Me rappelant alors un concert de Bob Dylan en Ecosse auquel j'ai assisté par hasard devant un mur, sans savoir que Dylan était derrière, et apprenant la triste vérité dans le journal du lendemain. Au moins cette fois, j'étais au courant et c'est donc moi-même qui l'écrit dans l'édition de cette semaine, tout en croisant les doigts pour pouvoir en voir et donc en écrire plus la prochaine fois. |