Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Kidnappés
Miguel Angel Vivas  (novembre 2011) 

Réalisée par Miguel Angel Vivas. France-Espagne. Thriller/Epouvante. Durée 1h22. (Sortie 30 novembre 2011). Avec Fernando Cayo, Manuela Vellès, Ana Wagener, Guillermo Barrientos, Martun Kuiper et Dritan Biba.

Une mauvaise pensée traversera certains spectateurs de "Kidnappés" : ils rêveront un instant que ces hommes masqués, prêts à tout et surtout toujours prêts à prouver qu’il le sont vraiment, aient choisi comme victimes à tourmenter les protagonistes d’"Intouchables".

Quel plaisir rétrospectif d’imaginer cette bande au-delà de toute morale rabattant le caquet du tétraplégique Cluzet et transformant son factotum rigolard en son alter ego en paralysies diverses. "Pas de bras, pas de chocolat" ?

Avec les lascars de Miguel Angel Vivas, Omar Sy n’aurait bientôt plus assez de dents pour rire de toutes ses dents en proférant sa vanne à deux euros. Ici, on ne plaisante pas : on prend une famille de bourgeois parvenus s’installant dans une nouvelle maison à l’architecture postmoderne, on les laisse quelques minutes seulement dans leurs problèmes existentiels de chauffagerie ou de plomberie, dans leurs conflits de génération avec petite fille riche répondant vertement à sa mère dans les affres de la pré-ménopause et... bang !

Quelques bruits sourds après, des furieux surgissent pour que cette soirée qui devait faire date dans la vie de ces braves gens soit un cauchemar intégral et définitif Utilisant essentiellement des plans-séquences virtuoses en laissant sa caméra découvrir les coins et les recoins de cette maison qui devient peu à peu le personnage central de son récit, Miguel Angel Vivas construit un film exigeant dans sa forme, mais en évitant toute tentation maniérée.

Il s’agit d’être dans l’efficacité, de limiter le plus possible le bavardage psychologique et les péripéties inutiles. Ainsi jamais les agresseurs et les agressés ne seront en position scénarique de se comprendre un peu mieux. Cette absence d’évolution dans leurs relations rend le film inexorable dans les mécanismes qui s’ordonnent.

Si la violence montrée est insupportable, elle ne peut être qualifiée de gratuite. Au contraire, elle est logique : dès que la situation est posée, elle ira à son terme avec comme seule variable des événements qui détermineront l’intensité de la cruauté et le nombre de personnes qui la subiront.

Franchement, cette proposition, même si elle paraîtra éprouvante, a le mérite de ne pas être hypocrite. À l’image d’un film X pour la pornographie, "Kidnappés" ne tourne pas autour du pot de la violence. On n’est pas dans le saupoudrage cynique des Frères Coen, de Nicolas Winding Refn dans "Drive", où la violence est disséquée et distillée complaisamment et finit toujours en jouissance esthétique.

Rien d’aussi malsain dans "Kidnappés" qui se contente d’être dans la fureur d’un réel de fait-divers. D’aucuns y verront simplement un film gore trivial transformant habilement une prise d’otages en cauchemar angoissant. Mais, d’autres sentiront sans doute que Miguel Angel Vivas ne s’appesantit jamais dans l’effet, même quand il utilise le "split screen" pour montrer simultanément les actions des bourreaux et celles des victimes.

On est ainsi dans une métaphore politique et sociale. L’Espagne qui se croyait proche d’atteindre l’Olympe des pays dominants dans l’Europe des 27 est rejetée en arrière sous les coups d’une bande de barbares balkaniques. On y apercevra même un petit retour de la lutte des classes dans la molle Espagne zapatériste puisque les affreux auront eu vent de ce coup à mal faire grâce à un petit prolo déménageur espagnol, comme par hasard le seul à profiter du carnage et à s’en échapper les poche pleines.

C’est souvent la force des films de genre d’anticiper les ruptures historiques. Le climat de "Kidnappés", son sujet et la manière dont Vivas le traite annoncent des temps de crise et d’extrême souffrance. Cette vraie réussite sans concession, à ne peut-être pas mettre devant tous les yeux, est plus qu’un petit film B.

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 19 mars 2023 : Motion de culture

Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.

Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Dans la solitude des champs de coton" à l'Espace Cardin
"House" au Théâtre de la Colline
"Oeuvrer son cri" au Théâtre de la Cité Internationale
"Le silence et la peur" au Théâtre de la Colline
"Tom na Fazenda" au Théâtre Paris-Villette
"Petites histoires de la démesure" au Théâtre Les Déchargeurs
"Apocalipsync" au Théâtre du Rond- Point
"Weber à vif" à La Scala
"HPNS" au Théâtre La Reine Blanche
"Marée haute" au Théâtre Le Lucernaire
"Rémi Larrousse - Confidences d'un illusionniste" au Théâtre Le Lucernaire
"Opération Kortex" à La Folie Théâtre
"Patricia Lelouebec - Sauver le monde" au Théâtre Les Déchargeurs
"La Langue des Cygnes au Théâtre 71 à Malakoff
les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
"Maupassant, Octave et moi" au Théâtre de Poche-Montparnasse
"Maya, une voix" au Lavoir Moderne Parisien
"Al Atlal, chant pour ma mère" au Théâtre 14
et une sélection des autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Giovanni Bellini - Influences croisées" au Musée Jacquemart-André
dernière ligne droite pour :
"Capitales" à l'Hôtel de Ville de Paris
"Yves Klein intime" à l'Hôtel de Caumont
et les autres expositions à l'affiche

Lecture avec :

"Les nageurs de la nuit" de Tomasz Jedrowski
"Les grands ministres de Habsbourg" de Jean Paul Bled
"Le petit roi" de Mathieu Belezi
"Il ne doit jamais rien m'arriver" de Mathieu Persan
et toujours :
"Un paradis en enfer" de Rebecca Soinit
Rencontre avec Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Coven" de Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Les autres gens ne sont pas des gens comme nous" de J.M. Erre
"Le passager" de Cormac McCarthy
"La guerre sainte de Poutine" de Sébastien Boussois & Noé Morin

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=