Pour commencer, pourquoi ne pas s’attarder sur la pochette ? Parce que je n’avais pas vu au premier coup d’œil que ça valait le coup d’œil, justement. Une femme, sous l’eau, vêtue d’une robe de soirée rouge sang à paillettes. Sa tête est jetée en arrière, pas moyen de distinguer son visage (ni les sentiments qu’elle pourrait y afficher), elle semble avoir sauté dans l’eau, les jambes repliées, les bras en croix. Une auréole flamboyante au-dessus de sa tête, seraient-ce ses cheveux ? Approchez : c’est du sang, qui vient tout droit de son cœur, percé d’un petit trou calibre truc. Première secousse.
Le CD ? Un cœur mécanique tout en rouages et en crans dentelés, le ton est donné : Sidilarsen, ça ne rigole pas. Le titre Machine rouge, oui, d’accord. Le premier morceau "Le meilleur est à venir", un message d’espoir ? Des premières notes en forme de marche militaire lointaine, sourde et sombre, une super guitare-machin qui crache tout ce qu’elle a (et peut-être même plus), et une voix, poussée à l’extrême, jusqu’à la souffrance… Du metal. Avec sa batterie permanente, ses vrilles décoiffantes, ses cris déchirés.
"Personne ne pourra nous punir, personne pour nous retenir, le meilleur est encore à venir". Quand c’est dit comme ça, on ne peut que les croire, et y croire. Moi qui grimace quand tonton grenouille me dit "je suis allé voir un concert de metal, c’était génial", parce que j’imagine des brutes sanguinaires hurlant leur désarroi sur des bruits assourdissants, je me mets étrangement à croire aux mots de Sidilarsen, à m’enivrer de leur énergie.
Je revois également cette blondinette me dire "moi, je suis plutôt metal à la base", elle a compris ma grimace, m’a assurée que ça n’était pas que des vilains nains qui faisaient sniffer de la coke à Blanche Neige, franchement, je ne l’ai pas cru. Maintenant, si. Elle devait connaître Sidilarsen, Machine rouge est leur quatrième album, rock-electro-métal, efficace, habillé de poésie française. "Respectez-nous, on vient agir là pour se donner les moyens de voir plus loin" ("Offensifs").
Et ils le chantent eux-mêmes "dur de nourrir une vie passionnée" ("Vie passionnée"), tout en donnant la solution : leur rage positive donne une force incroyable pour regarder plus loin dans se couvrir les yeux, et trouver en soi l’énergie d’avancer. En gros, l’avenir est moisi, la planète est pourrie, mais il y a un "Paradis perdu" qui vit encore dans les machines rouges qui nous servent de cœur.
Ça serait donc ça le nu-metal des cinq de Sidilarsen : une Machine Rouge au service de la révolte à la mauvaise foi, un hymne puissant à l’espoir, percutant. D’un "Back to Basics" à un "Offensifs", en passant par un "Densité", ils vont partout en voix et son saturé et pourtant, d’un battement à l’autre, l’unité reste.
Même si c’est peine perdue, on poursuit l’absolu, on survivra, si c’est écrit" ("Absolu"). C’est noté. |