Comédie de Carlo Goldoni, mise en scène de Attilio Maggiulli, avec Hélène Lestrade, David Clair, Jean-Jacques Pivert, Manon Barthelemy, Georges Cotillard, Caroline Riche, Emmanuel Besnault et Marie-Laure Bouret.
Dans la rue de la Gaîté dite "la rue des théâtres", on ne peut rater la magnifique façade de la Comédie italienne, entièrement décorée aux couleurs de l’Arlequin.
Il faut dire que c’est la demeure idéale pour celui-ci puisque le lieu est totalement dédié à la Commedia dell ’Arte par un ancien élève de Giorgio Strehler (à qui il a d’ailleurs dédié son spectacle) : Attilio Maggiulli et qui monte depuis 1980 des spectacles d’auteurs italiens dont aujourd’hui cet "Arlequin, valet de deux maîtres" de Carlo Goldoni.
On pourra dès le début de la pièce avec une tempête spectaculaire reconnaître un hommage au maître du Piccolo Teatro qui monta "La Tempête" jadis à l’Odéon avec le même principe (et plus de moyens). C’est dans un esprit collectif et festif qu’Attilio Maggiulli présente donc ce spectacle léger et enlevé.
Il a réuni pour ce faire une troupe de comédiens généreux et pleins d’énergie qui s’en donnent à cœur joie pour faire vivre cette comédie. Son Arlequin est rajeuni et apporte beaucoup de spontanéité au classique de Goldoni.
Bien sûr, il faut aimer la Commedia et ses particularités. On y retrouve ici tous les ingrédients (gestes, masques, jeu outré) dans une farce joyeuse et colorée où un valet roublard cumule les emplois.
Ce valet c’est Emmanuel Besnault qui, après sa prestation formidable dans la pièce de Feydeau "Mais n’te promène donc pas toute nue", montée par Gérard Gélas au Théâtre du Chêne noir à Avignon la saison dernière où il incarnait déjà un valet hilarant et poétique à la Tati, retrouve ce rôle où il est une fois encore excellent : Il est un Arlequin cabotin juste ce qu’il faut, aux gestes précis et aux mimiques savoureuses et semble avoir joué de la Commedia depuis toujours.
A ses côtés, une équipe homogène dont certains émergent : Caroline Riche interprète brillamment Pantalon. On sent chez elle le métier : la gestuelle est maîtrisée, elle régale le public ; Georges Cotillard (Silvio) et Jean-Jacques Pivert (Sméraldine) sont hautement cocasses ; David Clair est un efficace maître de cérémonie.
Les autres comédiennes (Hélène Lestrade, Manon Barthélémy) sont très bien aussi. On pourra juste regretter chez les femmes une tendance à monter un peu trop dans les aigus. C’est peu de chose comparé à l’énergie qu’elles déploient.
On est donc porté par ce vent de folie, dépaysé par un style et une ambiance qui ont infiniment de charme et agréablement diverti par ce voyage et les quatre-cent coups d’un Arlequin enfantin et déchaîné. |