Il y a tellement de monde ! Il y a de tout ! Des mecs avec des chapeaux, d’autres vêtus d’un pull de montagnard, des têtes d’instit’, mais pas n’importe lesquelles : celles du lunetteux moustachu. Il y a de tout ! Des lycéens, des infirmiers, des mannequins, des bandits de grand chemins… Il y a de tout !
Qui avoisine facilement les 100 dB ? C’est B R OAD WAY en première partie de Moriarty.
Cela sonne rock, cela sonne pop. Chacun à leur poste, ils semblent bien réglés, jouent en mesure, en force, en complémentarité.
Le guitariste-chanteur aux cheveux poivre et sel a la voix perçante et résonnante.
Derrière, deux gars qui ont la patate. Un bleu électrique les encercle, donnant à la scène une ambiance de private room (on se croirait un peu comme dans leur salle de répet’).
Très intimistes, ils jouent tout simplement quelques titres de leur composition : cela donne quelque chose de puissant. Ils ont même droit aux applaudissements du premier rang, on demande un rappel.
Il y a du monde et il y a de tout !
Moriarty en concert ou comment faire de l’alchimie une muse en scène ?
On aurait presque pu publier cet article dans les rubriques Théâtre. Imaginez la scène menée par un sextet aux influences country.
Là, bordant le décor, des vieilles caisses aux couleurs dépassées sont entreposées.
Les six personnages de Moriarty entrent sur scène : dans la famille Moriarty, je vous présente Rosemary, pas souriante mais tellement intrigante…
De ses lèvres rouges s’évade secrètement une voix enrobée. La fan qui chante derrière moi fait écho… Chut ! Ecoute et observe. Elle semble partager ses secrets avec nous.
La troupe fait des mouvements de vague, invoquant tantôt le forcené, qui m’a tout l’air d’un harmoniciste.
En osmose avec le public, les artistes se tortillent, bougent leur body… et nous aussi d’ailleurs.
Tandis que le Fil est blindé, on entend dire : "C’est ma-gni-fique ! Ces ondes qui se dégagent !", "Comme on dit, ça balance !".
Tous les yeux sont rivés sur Charles, le financier en chemise cravate, qui joue à l’équilibriste sur un fil.
Chaque instrument de la famille est parfaitement incarné. Je n’en crois pas mes yeux, cette pièce de musique me fait avoir des hallucinations sonores et visuelles.
Ils nous font oublier toute notion du temps, il est maintenant mardi, 3h30 du matin.
Faite de faisceaux noirs et blancs, sa robe est hypnotisante, son regard envoûtant, l’énigmatique Rosemary nous conte alors les aventures d’une femme qui chante dans le métro :
- Arthur : "As-tu déjà chanté dans le métro ?"
- Rosemary : "Oui."
- Arthur : "C’est bien ?"
- Rosemary : "Et bien… Cela dépend du nombre de gens qui t’écoutent. Il est mardi, 3h30 du matin, c’est la dernière chance qu’il vous reste pour danser, après il sera 20h15".
Au clair de la lune, les Supporters d’Artistes Good Vibes souriants et détendus observent avec passion et curiosité cette cantatrice facétieuse qui assemble des rondins de bois, pour nous écrire un mot : Hôtel.
C’est bizarre, parfois des ondes psychédéliques tourbillonnent autour de ses fantassins mettant la salle sens dessus dessous.
Zim ! Zam ! Zoum ! La contrebasse virevolte dans les mains de Zim et se transforme en guitare.
Vincent, le bûcheron canadien se met à titiller la basse comme un batteur, Tom fait vent d’un accordéon tel un harmoniciste.
Et Zam ! Encore un coup de baguette magique ! Cette fois-ci sur Rosemary qui s’est transformée en blonde à forte poitrine. Marilyn Monroe fait son apparition. Ah ! Ca alors ! Monroe, debout sur un seau ! Vêtue d’une robe rouge flamboyante, elle est tout bonnement captivante.
La morale dans cette pièce est que Moriarty se rangerait bien volontiers dans la pochette des groupes multifacettes, sans toutefois tomber dans la caricature. Comme pour finir en beauté, ils nous plongent dans les sonorités d’un rock Pinkfloydien. |