Opéra bouffe de Claude Terrasse et Franc-Nohain, mise en scène de Pierre Guillois et direction musicale de Christophe Grapperon, avec Diana Axentii, Christophe Crapez, Vincent Deliau, David Ghilardi et Vincent Vantyghem et, pour la revue, Anne-Lise Faucon, Léticia Giuffredi, Emmanuelle Goizé, Estelle Kaïque, Isabelle Mazin, Lara Neumann, Charlotte Plasse, Camille Slosse, Muriel Souty, Jean-Philippe Catusse, Gilles Favreau et Olivier Hernandez.
Depuis quelques saisons déjà, la Compagne Les Brigands prend ses quartiers d'hiver au théâtre Athnée-Louis Jouvet où elle présente pour la période festive de la fin de l'année un spectacle lyrique roboratif et jubilatoire en ressuscitant de savoureux opéras bouffe et opérettes de la Belle Epoque et des années 20.
Elle pioche à nouveau, après "La cour du roi Pétaud", dans les cartons de la malicieuse association Claude Terrasse et Franc-Nohain avec "La botte secrète". Qualifiée par Alfred Jarry, de "charmante fantaisie outrancière", elle sévit, avec une musique légère et joyeuse et un livret d'un comique leste, dans un délicieux registre potache qui ne prétend à rien de plus que le pur divertissement.
Alors qu'est-ce que cette botte secrète ? Oh pas le coup de Jarnac qui induirait une opérette de cape et d'épée, mais le coup de pied au cul reçu par le prince de Comagène au cours du feu d'artifice du 14 juillet qui constitue l'argument d'une parodie égrillarde de "Cendrillon" dans laquelle une botte d'égoutier tient lieu de pantoufle de vair
Depuis, le prince, accompagnée de son épouse qui elle, a eu droit au même moment et du même individu à une main aux fesses dont elle est restée émoustillée, mène l'enquête pour trouver l'auteur de ce crime de lèse-majesté en montrant son auguste postérieur, revêtu de la pièce à conviction qu'est le falzar portant trace de la chaussure coupable, à tous les chausseurs parisiens.
Dans la fosse, les musiciens sont cernés par les boîtes à chaussures, et sur le plateau Florence Evrard a conçu une très sobre et chic boutique en entresol sur laquelle règne un chausseur sachant chausser de luxe auquel le baryton Vincent Deliau prête l'allure précieuse d'un galeriste d'art.
Sous la direction musicale de Christophe Grapperon, les musiciens interviennent en direct live pour accompagner un quintet de chanteurs émérites qui, de surcroît faut-il le signaler, chantent sans micro hf et Pierre Guillois, qui assure la mise en scène, ne rechigne pas à le côté grivois de la partition
Le délirant couple princier est royalement interprété par le ténor Christophe Crapez ténor et la pulpeuse mezzo-soprano Diana Axentii. Ténor aux faux airs de Fabrice Luchini, David Ghilardi fait merveille dans le client énamouré victime forcée d'une erreur sur la personne.
Dans le rôle de la Cendrillon à la pointure de 45 fillette, le baryton Vincent Vantyghem campe un hilarant égoutier qui a les pieds en compote dans des souliers vernis et forme un duo irrésistible avec Diana Axentii, sur l'air de "Tout à l'égoût" quand ils chantent "les égouts de Paris c'est Venise chez soi", qui est le point d'orgue du spectacle.
A l'issue du spectacle, pour fêter son dixième anniversaire, la Compagnie dispense une revue chorale sur le thème métaphorique de la chaussure et des frivolités réunissant, dans un florilège d'extraits d'opérettes fameuses, une éblouissante distribution composée des comédiens-chanteurs, qui ont figuré à l'affiche et contribué au succès de ses spectacles, et qui, en l'occurrence chantent et dansent dans une vraie chorégraphie de Stéphanie Chêne.
Ainsi, entre autres, le public reconnaîtra la pétulante et irrésistible Lara Neumann dans les "Couplets de la chalcographie" de "O mon bel inconnu" de Reynaldo Hahn, la torride Emmanuelle Goizé dans "Non, non jamais les hommes" extrait de "Ta bouche" de Maurice Yvain et Olivier Hernandez dans un extrait de rigueur, "Pour bien réussir dans la chaussure", de "Dédé" de Henri Christiné.
Spectacle pétillant d'humour bouffon à savourer en amuse-gueules pour les fêtes. |