Réalisé par Jean-Jacques Annaud. France. Aventure
2h09. (Sortie 23 décembre 2011). Avec Antonio Banderas, Tahir Rahim, Mark Strong, Freida Pinto, Riz Ahmed et Jamal Awar.
Il est désormais de bon ton de faire la fine bouche en contemplant les grands livres d’images et de leur préférer les diaporamas de petites vignettes défilant dans l’aléa le plus complet. Héritier de David Lean et d’Hergé, ne dédaignant ni "Lawrence d’Arabie" ni "Tintin au pays de l’or noi"”, Jean-Jacques Annaud, vaille que vaille, en grand naïf du septième art ne cherche qu’à divertir avec de grands et nobles sentiments, qu’à perpétuer la tradition du beau récit pour guérir la soif d’aventure et nourrir les rêves des éternels enfants.
Si l’on s’en tient à ce credo, et qu’on ne pense pas qu’un film à gros budget, avec des milliers de figurants et des centaines de chameaux, doit expliquer la géopolitique orientale depuis l’avènement du Califat, on prendra un vrai grand plaisir à suivre cette page d’histoire métaphorique où l’on comprendra mieux ce que le pétrole a perverti au royaume des Mille et une nuits.
On ne pourra que retenir son souffle quand les cavaliers arabes affrontent les automitrailleuses dans les dunes et l’on partagera les affres d’une troupe exaltée traversant un désert qui n’en finit pas.
Enrobé dans une musique puissante de James Horner, qui n’a pas oublié les partitions de Maurice Jarre, "Or noir" sera l’occasion d’apprécier
la maturité d’Antonio Banderas en cheikh perverti par les pétro-dollars de la Texas Oil, et d’avoir la confirmation que Tahir Rahim, échappé fort heureusement du nauséabond "Prophète" de Jacques Audiard, est un acteur impressionnant. Et que dire de la belle Freida Pinto si sexy et si lumineuse sous ses voiles hermétiques ?
Tout, dans cet "Or noir", rappelle les films d’aventures des années d’or du cinéma sur écran format cinémascope. Certes, Annaud insuffle la touche critique d’aujourd’hui, s’interroge sur la dialectique tradition-modernité, sur l’opposition respect scrupuleux du passé et ouverture sur un progrès à deux faces. Il n’oublie pas de condamner par avance les guerres pour le pétrole qui se profilent et de charger ceux qu’on qualifiera bientôt de fondamentalistes.
N’en déplaise à ceux qui détestent le cinéma populaire, Jean-Jacques Annaud ne se moque pas de son public et son film rejoindra rapidement le Panthéon de ses films intemporels qu’on reverra toujours avec un indéfectible plaisir.
On se réjouira qu’il y ait encore, de temps à autre, des Jean-Jacques Annaud qui continuent de croire que le cinéma est fait pour raconter des histoires et magnifier des épopées. |