Spectacle de théâtre musical écrit et interprété par Florence Andrieu et Flannan Obé, avec la collaboration artistique de Serge Gaboriau et l'accompagnement au piano de Yves Meierhans. Après accords, corps à corps, raccords et désaccords, un duo d’artistes lyriques à la petite semaine, ex-couple à la ville comme à la scène, lui l’ayant quittée, aspirant à une vie de famille à laquelle elle privilégiait la grande carrière espérée qui s'est trouvée limitée à la tournée des sous-préfectures avec un spectacle un peu ringard sur les amours d'opérette, se retrouve sur scène.
Sous l'afflux des souvenirs encore vivaces, les retrouvailles sont houleuses mais the show must go on. Cependant, bien que déjà joué mille fois ensemble, le spectacle, excellente idée scénographique vu à la fois back stage et sur scène, s'avère une accumulation hilarante de gaffes et de ratages qui expliquent sans doute pourquoi ni l'un ni l'autre ne sont devenus des stars.
Les deux excellents comédiens-chanteurs Florence Andrieu et Flannan Obé, respectivement soprano et baryton, se sont mitonnés une délicieuse comédie sentimentale et musicale - et humoristique - sur mesure, pleine de fraîcheur et de vivacité, avec notamment un très réussi accéléré de frénésie stroboscopique, qui épingle avec un humour facétieux les aléas inhérents au spectacle vivant qui peuvent émailler une représentation.
Accompagnés par Yves Meierhans, redoutable pianiste pince-sans-rire, complice et troisième personnage, témoin philosophe et impassible des escarmouches, en coulisse comme sur scène des deux protagonistes et qui ne sont pas seulement vocales, ils jouent également à fond le délicieux jeu des codes de l’opérette et chantent.
Florence Andrieu est pétillante en reine d'opérette de série B obstinée qui veut faire marcher son petit monde à la baguette et Flannan Obé irrésistible en amoureux distrait et maladroit qui tente de faire amende honorable.
Ils prennent autant de plaisir qu’ils en dispensent, en chantant heureusement et, en outre, ce qui doit être signalé, sans équipement HF, avec un joyeux et divertissant florilège lyrique, de l’inénarrable "Sous les palétuviers" aux contre-ut de la chanson titre de "Le chanteur de Mexico" en passant par "Le plus beau tango du monde" soutenu par d'efficaces chorégraphies parodiques réglées par Estelle Danière et Philippe Fialho.
Ce spectacle de qualité, plaisant avec ses amusantes déclinaisons de bluette sentimentale émaillées d'apartés comiques et vocalement rondement mené, s'avère donc une belle réussite.
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