Comédie de Molière, mise en scène de Marc Paquien, avec Anne Caillère, François De Brauer, Eric Frey, Jany Gastaldi, Nathalie Kousnetzoff, Matthieu Marie, Pierre-Henri Puente, Alix Riemer et Agathe Rouillier.
"Les femmes savantes" ont le vent en poupe depuis quelques saisons et à chacun sa docte vision du féminisme épinglé par Molière, de l'implication philosophique de l'auteur face au platonicisme et du registre théâtral, de la farce à la tragédie, dans laquelle se déroule l'intrigue qui tourne autour d'une intrigue de mariage forcé.
La jeune cadette de la maisonnée (Alix Riemer) qui veut épouser le loyal Clitandre (Mathieu Marie) a rallié à sa cause les membres de sa famille qui ont su raison garder à savoir son père (Daniel Martin), pater familias qui ne pense qu'à son estomac et mari timoré, et son oncle (Eric Frey), plein de bons sens mais aussi de rouerie opportune.
Mais c'est à un autre que la destine sa mère (Jany Gastaldi), dragon qui porte la culotte, qui, avec sa tante une précieuse romanesque (Anne Caillère) et sa soeur aînée, amoureuse dépitée, (Agathe Rouillier), forme le trio entiché de bel esprit et de son "gourou", l'habile Trissotin (François De Brauer), qui guigne la dot plus que la fille.
Pour Marc Paquien, point de vision socio-politique mais une comédie de pur divertissement.
Au demeurant le décor conçu par Gérard Didier est un décor de théâtre qui, par son harmonie versallaise de bleu, blanc et or évoque celui du petit théâtre de Marie Antoinette au Trianon avec un plateau de parquet doré, une fausse rampe de bougies, un rideau bleu et en fond de scène une toile peinte représentant un ciel nuageux qui s'étoilise digne du quattrocento.
D'ailleurs, l'accoutrement des trois folles de la pièce touchées non par la grâce mais par la folie de la pédanterie évoque clairement le 15ème siècle boticellien. Toutefois, les autres personnages sont en costumes du 17ème siècle à l'exception de la servante Martine (Nathalie Kousnetzoff) qui loin de la traditionnelle gironde, n'est que longue et noire figure luthérienne qui semble sortie d'un film de Michel Hanecke.
Marc Paquien a monté cette comédie de manière parodique en le proposant au public comme s'il s'agissait d'un spectacle interprété par des dilettantes mettant en lumière les travers de l’amateurisme.
Et c'est un festival avec au programme notamment les grands classiques que sont l’acteur qui cabotine, celui qui croit jouer un vaudeville, l'actrice qui récite, celle en hyperventilation apnéique et celle dont la voix fait le yoyo entraînant une déperdition du texte, le jeune acteur insipide et celui à contre emploi raté.
Cela donne un spectacle échevelé parfois surréaliste avec un comique au second degré. Et le génie comique de Molière continue de traverser les siècles. |