Comédie écrite et mise en scène par Patrick Hernandez, avec Rosalie Lajarrige (ou Caroline Rochefort), Annabelle Nakache, Anny-Claude Navarro et Bruno Argence.
Patrick Hernandez, auteur prolixe et inspiré, tricote des petites comédies tant de café-théâtre que de boulevard, toujours bien ficelées, qui, sans tambour ni trompette, rencontrent toujours un beau succès public au point pour certaines de ne pas décoller de l'affiche.
Telle est le cas de "Copines d'avant" qui entame sa deuxième saison au Théâtre des Blancs Manteaux, un petit bijou tant au niveau du comique que de la mécanique du rire, portée, de surcroît, par un quatuor tout aussi irrésistible qu’époustouflant.
Suggérée par son titre inspiré de celui du site internet Copains d'avant qui propose de rechercher des anciens amis de lycée perdus de vue, l'intrigue repose sur un argument simple puisé dans la vie réelle.En l'espèce, c'est le hasard qui met en présence, quinze ans après, trois copines qui, en leur âge tendre et déjanté, avaient fondé un groupe de rock metal, groupe qui a slippé lors du départ de l’une d’entre elles.
Nadine s’est rangée des décibels et a viré mémé bcbg en convolant en justes noces petites bourgeoises avec un ingénieur spécialisé dans la poêle antiadhésive. Les deux autres, restées borderline et célibataires, vivent de squatt, de boulots miteux et d’arnaques foireuses dont la dernière en date le braquage raté d'un supermarché. La confrontation de leurs univers produit naturellement des étincelles et l’arrivée du mari bien pensant, suffit à décupler l’énergie des deux folles dingues pour semer la zizanie dans le ménage.
Patrick Hernandez a amplifié le cocasse de la situation et concocté un texte débridé aux répliques percutantes et hilarantes qui font mouche. Il a surtout bien chargé les caractères qui semblent tendre vers la caricature alors qu’ils sont totalement archétypaux, caractères que le jeu résolument décapant des comédiens amplifie à l’envi.
Le couple de coincés plus vrais que nature est campé par la délicieuse Caroline Rochefort et Bruno Argence irrésistible, et qui a d’ailleurs du mal à résister à la folie générale et à garder son quant-à-lui sur ce ring survolté. D'autant que dans le camp d'en face, érigé en déclinaison customisée du duo de clowns, les adversaires sont rudes.
Annabelle Nakache et Anny-Claude Navarro forment un duo épatant et surtout explosif. La première en clone régressive de Madonna style première période, QI qui baigne en dessous de la ligne de flottaison, mémoire vive de poisson rouge et coeur d'artichaut qui se fait à chaque fois éplucher jusqu’au trognon, et la seconde, en lesbienne, stéréotype, jean blouson de cuir, doc martens et collier de chien, à l'humour décapant qui ne lâche pas facilement son os à ronger.
Officiant également à la mise en scène, Patrick Hernande drive le quatuor à un rythme d'enfer et le plateau exigu peine à contenir les débordements maelstromiques des officiants qui ne comptent pas parmi les derniers pour partir en vrille au quart de tour. Et c'est jubilatoire. |