Anna Ternheim est toujours aussi belle, sa voix est toujours aussi envoûtante, ses ballades toujours aussi sensibles et touchantes. Et c'est un peu le problème. Dans les grandes lignes, ses disques semblent parfois un peu trop interchangeables, exception faite du précédent, plus chargé, notamment en percussion donnant parfois un côté jazzy à son folk.
Cette tendance à se répéter agace de prime abord et la première écoute du disque n'aura pas l'impact du premier album envoûtant dès les premières notes.
Les écoutes suivantes cependant changeront un peu la donne. Moins de surprise certes mais le charme finit par opérer. Il est aisé de se fondre dans le monde musical de Anna Ternheim dont les mélodies évidentes envahissent rapidement notre esprit (qui n'aurait pas envie de chantonner par dessus "Black Light Shines", un soir de pluie, de froid ou de désespoir, la plupart du temps donc).
La voix, toujours très en avant est de plus en plus maîtrisée. Ronde et charmeuse. Les quelques duos, en fait un seul véritable mais quelques autres voix viennent parfois ponctuer certains titres, habillent joliment des mélodies parfois assez dépouillées. "The longer the waiting the sweeter the kiss" est à ce titre le morceau le plus détonnant de l'album, situé quelque part sur un chemin de traverse entre The Walkabouts et Mark Lanegan et Isobel Campbell.
Le reste du disque oscille entre americana rythmée comme "Lorelei Marie" qui n'est pas sans rappeler "No Subtle Men" de l'album Separation Road et superbes ballades, douces et mélancoliques ("What remains", "Walking Aimlessly" superbe).
Finalement, les disques d'Anna Ternheim sont à son image. Beaux et froids de prime abord mais chaleureux et appaisants au final. La vraie beauté nordique sobre et touchante, loin des spectaculaires romans à sensations désormais à la mode. Doucement mais sûrement, la jolie suédoise impose ses ballades "à l'américaine" parmi les plus touchantes, faisant de cette simplicité une image de marque au risque de lasser l'auditoire. Mais comme elle l'avait déjà tenté sur Leaving on a Mayday avec Björn Yttling, il y a fort à parier (espérer ?) que son prochain disque fera montre sinon d'une remise en question au moins d'une prise de risque. |