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Théâtre le Tarmac  (Paris)  février 2012

Comédie dramatique écrite et mise en scène par Nasser Djemaï, avec David Arribe, Angelo Aybar, Azzedine Bouayad, Kader Kada, Mostefa Stiti et Lounès Tazaïrt.

Avec "Invisibles", le jeune auteur et metteur en scène Nasser Djemaï a choisi d'évoquer le destin des "Chibanis" qui vivent dans les anciens foyers Sonacotra recyclés en foyers du 3ème âge, et qui, dans l'histoire ethnographique de l'émigration, sont les émigrés magrhébins des années 60.

Après une vie de labeur comme ouvriers, pour la plupart sans qualification et notamment dans le secteur éprouvant du bâtiment et de l'industrie lourde, ces travailleurs immigrés de la première génération, les aieuls des "minorités visibles" d'aujourd'hui, vivent une double tragédie : non seulement celle de la vieillesse misérable liée à une retraite dérisoire mais celle de l'impossibilité de retourner dans leur pays où demeure leur famille en raison de la condition de résidence attachée au versement de l'allocation de solidarité aux personnes âgées.

Nasser Djemaï a choisi de traiter ce sujet à partir d'une intrigue mélodramatique à la thématique classique de la quête des origines, celle d'un fils à la recherche de son père naturel, qui ressortit au théâtre de l'émotion, dont l'indispensabilité n'est pas patente.

Sur le sujet de fond, à partir d'un abondant travail documentaire de recherche et de témoignages, il a écrit une vraie partition théâtrale qui s'inscrit non dans le registre du théâtre documentaire mais dans celui du réalisme social, une partition intelligente et sensible, sans pathos manichéen ni misérabilisme, qui, à partir du beau portrait de cinq hommes dont le sens de la dignité et de l'honneur ont permis leur survie, explore leurs fêlures et leur souffrance.

Dans la pièce commune, une cuisine en formica, rien n'a changé. Le temps s'est écoulé trop vite et maintenant il semble s'être arrêté, jusqu'à la maladie, celle qui vient de s'abattre sur El Hadj (Azzedine Bouayad) qui n'a pu se résoudre à avoir deux familles et en attente de la mort, seul moyen pour les autres de repartir définitivement chez eux.

Ce qui leur reste, "la santé, les papiers, la mosquée" comme ils le disent avec humour et la partie de dominos ou de cartes qui précède la promenade et la halte sur un banc, assis en rang d'oignons, à regarder passer la vie des autres.

Un quotidien ritualisé, placé sous le signe de la fraternité et de la solidarité et partagé par tous, qui est troublé par l'arrivée du jeune homme (David Arribe) qui réactive les épreuves traversées, les regrets et les amertumes éprouvées que chacun garde pour soi.

Dont les mirages de l'Eldorado français, le déracinement, l'écartèlement entre le pays d'origine et la France avec des liens familiaux distendus limités à la présence d'un mois par an, une famille restée au pays faute d'argent pour lui permettre de vivre en France ou retournée au pays faute de s'être acclimatée dans un pays souvent hostile et les conditions de vie précaire avec ce qui reste du salaire largement amputé de l'argent envoyé au pays, face au racisme, aux humiliations et aussi à la solitude.

Nasser Djemaï signe une mise en scène sobre qui laisse la part belle aux comédiens dont la finesse de jeu est exceptionnelle tant ils ne versent jamais dans le naturalisme, le surjeu ou l'effet, et qui portent la voix des oubliés et des laissés pour compte qui dérangent.

A savoir : Mostefa Stiti, le chef du groupe, car en toute chose il faut une autorité pour ne pas tomber dans l'anarchie, c'est Hamid, le désenchanté qui ne croit plus en personne et n'espère rien, le bourru au bon coeur mais fort en gueule s'est imposé pour assurer l'intendance, Angelo Aybar, le célibataire taiseux qui ne s'est pas remis des exactions de la Guerre d'Algérie, Lounès Tazaïrt, le coeur tendre rempli de compassion voudrait retourner vivre dans son pays mais sait bien que là-bas on s'est habitué à son absence et que pour eux, la famille c'est ici et Kader Kada qui revient toujours déçu d'un pays qui s'enfonçant dans le marasme économique ne voit pas tarir l'émigration.

 

MM         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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