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Interview  (Par mail)  dimanche 12 février 2012

Cinq ans après Necessary Alibis, album qui déjà mélangeait les différentes influences de Moonman, Sonic Youth et Pavement en têtes, voici enfin la suite, Mascarade Labyrinthe qui va un peu plus loin dans l'hommage à ses idoles. Sonic Youth toujours, un peu de math rock à faire pâlir ses collègues de label Action Dead Mouse, des instrumentaux qui se mêlent aux mélodies pop, le tout brouillé dans des riffs de guitares tranchants. C'est Moonman, et il nous parle de tout cela en interview.

Peux-tu nous raconter l’histoire de Moonman & The Unlikely Orchestra ?

Michel Malégeant : C'est un projet à la base protéiforme qui a tendance à se stabiliser depuis le dernier album. Au départ, c'est mon projet solo (les albums Manipulators et Letters to the dearest) dans une hésitation assumée entre électronique, pop indé et folk bricolée en réaction à une expérience un peu frustrante et inaboutie en groupe précédemment. Et puis finalement, la préparation et l'enregistrement du dernier album Necessary Alibis a précipité la transformation du projet studio en une entité capable de jouer les morceaux en live et naturellement, de rencontres en rencontres, la formation s'est stabilisée en mode power trio, la formule la plus légère et probablement la plus efficace pour jouer nos morceaux, malgré les limitations techniques. Je te la fais courte, il y a eu beaucoup de péripéties avant d'en arriver là !

Que s’est-il passé pendant cette pause pour chacun d’entre vous ?

Michel Malégeant : Comme souvent, ce qui peut apparaître "médiatiquement" comme 5 ans de vacances a en fait été une succession de phases formatrices. On a joué pas mal de concerts jusqu'au printemps 2008 et puis la vie personnelle de chacun a pris le pas. De mon côté, je me suis occupé du label avec plusieurs sorties (deux albums de Cornflakes Heroes, Guernica, Action Dead Mouse, General Bye Bye) qui m'ont tenu occupé quasi en permanence. Entre temps, j'ai composé en solo tous ces titres, par blocs, à la guitare, souvent acoustique d'ailleurs, même si ça ne s'entend pas sur l'album. A l'été 2010, j'avais les morceaux et il était grand temps de se mettre au travail. 6 mois de mise en place avant d'enregistrer en avril 2011 avec Thomas Charlet (Eliote and the Ritournelles, General Bye Bye, Lolito). Mix, master, artwork. Et voilà.

Après un long silence, vous revenez avec un album, comment s’est fait le travail de remise à l’ouvrage ?

Michel Malégeant : On se connait et on joue ensemble depuis bien longtemps maintenant. J'ai pu proposer les titres tels que je les entendais à Arthur (batterie) et Rob (basse) au cours d'un long week-end estival mémorable chez moi ; les bons éléments se sont imposés et les moins efficaces ou intéressants sont partis plus ou moins rapidement à la poubelle. Comme d'habitude, la cohésion du groupe a vite amené des évidences dans la manière d'aborder les nouveaux morceaux. Plus direct, plus tendu qu'avant. J'ai l'impression que le temps passé chacun de son coté avait décuplé notre envie d'en découdre et de nous améliorer, en studio comme en live. Il y a eu beaucoup de moments d'allégresse à entendre enfin ces morceaux qui tournaient en boucle dans mon cerveau – depuis des années pour certains – prendre forme si rapidement. On a tout maquetté et j'ai pu retravailler les quelques arrangements qui figurent sur l'album aujourd'hui en toute sérénité. Tout s'est finalement passé très naturellement.

Vous êtes partis directement sur de nouveaux titres et l’album s’est rapidement imposé ?

Michel Malégeant : On est un groupe d'album ; je ne déteste pas le format court mais je compose toujours dans l'idée plus large non pas d'un concept, mais d'une ambiance qui se développe davantage sur la longueur et donc c'est naturel chez moi d'envisager l'album directement et d'attendre d'avoir une bonne dizaine de morceaux convaincants pour enclencher la machine.

Les titres ont un format assez long, il y a une place très importante pour les  développements mélodiques, des cassures de rythme et beaucoup de prises de risques, vous devez vous faire plaisir à les jouer en concert.

Michel Malégeant : Il y a des formats courts à moins de trois minutes ("Wings of fire" ou "Big drift"), mais oui effectivement j'ai tendance à étendre le format dans un esprit intro, développement, conclusion. Comme si chaque morceau racontait une histoire un peu chaotique ou à plusieurs volets, des mini-scenarios. Tout le message, s'il y en a un à faire passer, ne passe pas que dans les paroles, mais aussi dans le dialogue musical ; j'attache beaucoup d'importance aux passages instrumentaux. On dit souvent plus dans des ambiances que dans des paroles. Et j'aime bien l'idée de mélanger parties nerveuses et dénouement plus fluide, plus réflexif. Ce sont des morceaux qui restent tendus sur scène et ne laissent pas de place pour l'approximation, mais en live, il y a un côté jouissif, c'est clair.

Pour ce qui est de la prise de risques, je ne m'en rends pas vraiment compte, l'album est bien plus radical que le dernier et ça faisait partie de notre cahier des charges, mais sur le papier, Necessary Alibis comportait encore plus de prises de risques, notamment avec le dernier morceaux de 20 minutes et quatre "actes" qui aurait pu vraiment déconcerter le public. Cela n'a pas été le cas, bien au contraire. Alors on ne s'est pas gêné pour tenter des choses sur ce nouvel album... En tout cas, le seul morceau dans lequel je vois une réelle prise de risques, serait "The glorious ways of Don Corleone" qui est un morceau instrumental qui enchaine une série de riffs de guitare qui auraient pu dans un autre contexte être autant de bases pour des morceaux séparés mais se sont imbriqués comme un puzzle un peu complexe pour raconter l'histoire à rebondissements de ce gros bonnet de la mafia. C'est un peu le grand-huit en effet !

La période de stand by a dû jouer dans l’évolution musicale de chacun. Quelles évolutions notables as-tu observé musicalement pour le groupe pendant la période de "stand by" ?

Michel Malégeant : Arthur et Rob sont imperturbables et bien droits dans leurs bottes. Chacun a sa manière d'aborder le travail autour des morceaux, la manière de les transposer sur scène ; mais ce qui est certain, c'est qu'on a appris à se dire les choses et à prendre des décisions radicales sans avoir automatiquement peur de blesser l'un ou l'autre. L'idée est bonne ou elle ne l'est pas. Ménager l'ego de l'un ou de l'autre ne sert à rien et est contre-productif. Musicalement, je suis sûrement celui qui a le plus évolué, techniquement et mentalement, mais parce que je partais de beaucoup plus loin... On n'a pas élargi le spectre de ce qu'on écoute ou de ce qu'on fait. Au contraire, on arrive de plus en plus à trouver un son qui nous est propre et une cohérence d'ensemble. On creuse le sillon comme des artisans. Il y a matière.

Dans quelles conditions s’est fait l’enregistrement ?

Michel Malégeant : Avec des moyens très réduits, on a trouvé via Thomas Charlet cet endroit le 1bis à Ivry s/ Seine, près de Paris. C'est une sorte de hangar réhabilité dans lequel pas mal de choses se passent (résidences, théâtre, concerts...). Haut de plafond et assez vaste. Je voulais enregistrer dans des conditions les plus proches possibles du live pour essayer d'y trouver une énergie commune difficile à reproduire si chacun enregistre son truc de son côté. Cela a été sur le fil, une vraie course de fond ; 5 jours de marathon pour chacun de nous pour tout enregistrer. On a finalement dû ajouter des choses par la suite, mais 95% des prises ont été faites en 5 jours au 1bis. Il a fallu puiser dans les ressources et ça s'est fini un peu sur les nerfs ; mais c'est formateur et on fait comme on peut. Et cette tension, cette urgence, on la retrouve sur le disque, en fil rouge. Je garde toujours des souvenirs très forts des sessions d'enregistrement, ce sont des moments qui remuent le cerveau. Celle-ci n'échappe pas à la règle...

Quelles reprises ferez-vous sur scène si vous en faites ?

Michel Malégeant : On n'en fait pas parce qu'on a déjà bien assez de morceaux à nous ! Mais si je devais en faire une ou deux, ce serait probablement un morceau de Shellac ou une version épurée de "Becuz" de Sonic Youth – qui est mon morceau préféré entre tous – ou bien encore "A question of time" de Depeche Mode en version tout électrique. Cela se fera peut-être un jour si l'occasion se présente.

Quels sont les disques/groupes que tu considères comme fondateurs ?

Michel Malégeant : Toujours Sonic Youth, Shellac, Blonde Redhead, Pavement, Pixies, Sebadoh, Fugazi, tous ces groupes mythiques. Et puis dans les références un peu plus obscures, Deerhoof, Shipping News, Rodan, The Ex, Shannon Wright...

Quels sont tes derniers coups de coeurs musicaux ?

Michel Malégeant : J'ai beaucoup écouté le dernier Abe Vigoda, Sholi, le dernier Half Asleep, beaucoup de Dominique A., des groupes noise méconnus comme God Bows to Maths ou Ox Scapula. Et en France, Tapenga, Lolito, Jesus Christ Fashion Barbe, François and The Atlas Mountains. Plein de bonnes choses...

Avec ton expérience Greed Recordings, quelle vision as-tu du monde de la musique ?

Michel Malégeant : Vaste sujet... Je pourrais te faire une dissertation, mais dans les grandes lignes, c'est très compliqué. Les ventes de disques diminuent de manière exponentielle, ce qui oblige les structures à se réinventer presque en permanence, à faire des choix parfois douloureux. Certains continuent et d'autres lâchent l'affaire. Les boites de distribution ne vendent pas, ne paient plus les labels en temps et en heure et sont en grande difficulté aussi. Je ne parle pas des magasins de disques... Mais les ventes digitales augmentent et permettent de maintenir des rentrées d'argent régulières, quoique relativement symboliques. Paradoxalement, la production de disque est devenue pléthorique avec la démocratisation de la MAO. La pertinence de l'existence des labels devient sujet de débat quand on demande de plus en plus aux groupes d'arriver avec un projet terminé de A à Z.

La presse, prise d'assaut quotidiennement, devient à la fois de plus en plus difficile à toucher et aussi de plus en plus dure tout court d'année en année. Il faut parfois être bien assis quand on lit les chroniques, parfois ouvertement agressives. Cela fait partie du jeu. Le secret étant probablement de continuer en ne conservant que le plaisir de jouer, de créer, d'être un artisan. Si le projet est bon, il doit trouver son public et profiter du bouche-à-oreille. Tout se passe sur le net aujourd'hui, les réseaux sociaux. Et puis dans les salles de concerts.

Et essayer de se démarquer par de beaux objets audiophiles. J'ai choisi de m'intéresser par goût personnel et par lucidité au vinyle 180g pour ce nouvel album. C'est cher à produire, mais c'est un beau et bon produit. Une belle manière de présenter de la musique. Il faut creuser de ce côté-là. Le public connaisseur, s'il achète des disques, veut un bel objet, une valeur ajoutée, quelque chose de spécial. Le public veut deux choses aujourd'hui : un bel objet exposable à la maison et des fichiers mp3 pour l'Ipod. Et les plus téméraires viennent voir les groupes jouer live. La musique indépendante n'est pas morte, il reste des pistes à exploiter, il faut vraiment avoir la foi et le goût du beau geste. Labour of love...

Quels sont les projets à venir après la sortie de l’album ?

Michel Malégeant : Le disque sort le 13 février en digital et le 20 février en pack vinyle/cdr/coupon mp3. Pour fêter ça en live, on présente l'album à GLAZART / Paris le samedi 18 février lors d'une soirée en compagnie de Lolito et Jesus Christ Fashion Barbe. Ca va être une super soirée indie pop rock made in France, il faut venir.

Ensuite une suite de dates est prévue entre Amiens, Bordeaux, Caen et Paris à nouveau jusqu'au mois de juin et on va continuer à jouer l'album au moins jusqu'au printemps 2013 dans toute la France. On tourne un clip pour un des titres de l'album début avril aussi. Entre temps, pas mal de nouveaux morceaux voient le jour en ce moment et on enregistrera probablement la suite de Mascarade Labyrinthe fin 2013. Le groupe a pris un bon rythme de croisière et il est certain que, sauf incident nucléaire, il ne faudra pas attendre si longtemps pour écouter la suite de cet album !

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Necessary alibis de Moonman
La chronique de l'album Mascarade Labyrinthe de Moonman & The Unlikely Orchestra
Moonman en concert à L'Ouvre Boite (28 octobre 2005)
L'interview de Moonman (octobre 2006)

En savoir plus :
Le site officiel de Greed Recordings
Le Bandcamp de Greed Recordings
Le Myspace de Moonman & The Unlikely Orchestra

Crédits photos : Thomy Keat


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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

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