Pour son premier roman, Olivier Brunhes s'inscrit dans la veine du classicisme non seulement par la thématique, celle de la descente aux enfers, du chemin de croix initiatique et de la possible rédemption mais également par le registre qui est non pas tant celui du roman noir que du roman naturaliste et du réalisme social.
En effet, "La nuit du chien" raconte le destin d'un jeune garçon qui n'est pas né avec une cuillère d'argent dans la bouche, un enfant de ceux qui ne partent pas dans la vie avec toutes les chances de leur côté et qui ont tôt fait de dérailler.
Orphelin de mère, placé en foyer d'accueil,
de la mauvaise graine, fils d'un voleur de voitures récidiviste qui s'est suicidé quasiment le jour de sa libération, alors que le gamin n'avait que 11 ans.
Celui-ci surnommé "Dog" par les deux hommes qui l'ont retrouvé à moitié transi de froid lors d'une fugue, en pleine hiver et en pleine montagne, à côté du cadavre d'un chien qu'il avait tué, a suivi - atavisme ? déterminisme social ? - les traces de son père dans une délinquance à la petite semaine de paumé en révolte, drogué et influençable.
La déchéance, rude et longue, semble inexorable. Mais le salut viendra peut-être de ceux-là même qui l'avaient déjà sauvé une fois, une incroyable trinité paienne et plébéienne aux figures d'un autre temps : Martine, sa tutrice à la bienveillance maternelle, "face de lune toute en rondeur" qui pratique sa "petite spiritualité", Manfred, dit le Grandboche, le fossoyeur accroché à sa tétine de tordboyaux artisanal, toujours bituré au point où chacun de ses pas défiait les lois de la gravitation et le Vieux et son principe de la Loi on vient au monde dans une Loi, un principe de vie qui est transmise par le père et qu'à défaut, il faut trouver seul pour choisir la clarté et le droit chemin.
Un beau travail d'écriture en forme patchwork narratif pour les lecteurs qui affectionnent les opusépiques et humanistes. |