Comédie de Hyppolyte Wouters, mise en scène de Pierre Delavène, avec Pierre Boucard, Marina Cristalle, Pierre Delavène, Anthony Henrot, Alexandre Maréchal, Dominique de Wolf et Hippolyte Wouters.
Dans "L'Affaire Nazareth", un de ses derniers opus théâtraux de Hyppolyte Wouters, ancien avocat doublé d'un essayiste et d'un auteur dramatique - qui s'est fait connaître en France en 1990 par son essai sur la paternité des oeuvres de Molière, relançant ainsi l'affaire Corneille-Molière qui a relancé une polémique initiée par dé Pierre Louÿs en 1919 - jette encore un pavé dans la mare en mettant Jésus dans le box des accusés.
Prenant, avec quelques libertés, comme fondement une loi d'exception belge qui a été fortement controversée, la loi dite de compétence universelle qui ne concerne en réalité la répression des crimes de droit international humanitaire, et s'appuyant sur les Evangiles cannoniques, il a imaginé de poursuivre Jésus pour des infractions pénales de droit commun aux termes de quatre chefs d'inculpation : dégradation volontaire de biens privés (le saccage des étals des marchands chassés du temple), exercice illégal de la médecine (les miracles), non assistance à personne en danger (le suicide de Judas) et incitation à l'abandon de famille (auprès des apôtres).
Que le bon peuple de France et les fervents croyants se rassurent : Hippolyte Wouters n'est ni Romeo Castellucci, ni Rodrigo Garcia et sa pièce ne déclenchera pas d'émeute ni ne mettra l'Auguste Théâtre en état de siège.
D'une part, parce que, si provocation il y a, Hippolyte Wouters, aguerri aux arguties du prétoire, le fait de manière modérée et habile, en insistant explicitement, in limine, sur le fait que l'accusé est "le Jésus de l'Histoire et non le Christ de la foi", et avec un humour, certes à double tranchant, mais plutôt boulevardier.
D'autre part, cet argument du procès fictif et la forme du spectacle - qui n'est pas sans évoquer le Tribunal des flagrants délires, émission de radio satirique culte du début des années 80 qui sévissait sur France Inter avec un trio sarcastique constituée de Claude Villers, Luis Rego et Pierre Desproges - connaît un dénouement inattendu
Sur scène, l'avocat de la défense bien que commis d'office (Pierre Delavène qui assure également la mise en scène du spectacle) est particulièrement éloquent face au président apathique (Dominique de Wolf, qui est magistrat en Belgique, excellent dans la "composition" du magistrat assoupi, l'assoupissement étant un pour d'aucuns présenté et invoqué comme une écoute attentive dans la concentration), au procureur imbu de sa mission (Hyppolyte Wouters lui-même qui change donc à cette occasion de "camp" en endossant la robe de l'accusation), et d'un expert, en la personne de la psychanalyste Anna Freud ressuscitée pour l'occasion (Marina Cristalle).
Alors, bien évidemment en listant la distribution le spectateur affuté remarquera d'autres noms. Sans dévoiler l'intrigue, il est possible d'indiquer que Alexandre Maréchal et Anthony Henrot font office respectivement de huissier et de spectateur. Alors, qui donc est Pierre Boucard, le septième homme ? |