Suis-je perdue ? La nuit vient de planter ses griffes dans le paysage désert. Je sombre dans les ténèbres ? La forêt semble se replier sur la moindre âme qui vive. Des lueurs, des mouvements ? Les feuillages laissent entrevoir un feu vif. Les flammes lèchent les ombres tournoyantes. Des chants, des hurlements, des incantations ? L'agitation est intense. La cacophonie s'organise, de plus en plus puissante, de plus en plus violente... Je m'approche de "Husband"… ma rencontre avec Mein Sohn William est entêtante.
En vérité, ce ne sont pas "des" mais "une" voix aux accents parfois germanophones qui m'envoûte. Et lorsque, je crois entendre une batterie, un clavier, une guitare, là encore mes sens hallucinent. Mein Sohn William est le fruit d'un seul et même esprit déjanté : Dorian Taburet. Malgré sa jeune expérience scénique, l'artiste protéiforme se lance déjà dans son premier album. Il est audacieux... Le mot est faible. Il fait parler les foules, couler de l'encre ? Débordant d'énergie sur scène ? Je suis interloquée. Pourtant, sur la pochette, je ne peux que le constater. Entouré de ces instruments fétiches, l'artiste emporté est comme pris sur le vif dans un saut monumental. Les images live ne font que le confirmer, l'artiste, seul, est comme possédé.
A l'écoute : dix titres plus délirants et originaux les uns que les autres. Je ne sais comment les mettre en case. Certains m'évoquent l'electro comme les déments "Until the End" ou "Carbonnade", révélant des voix criantes et saturées, des samples de guitare et autres sons perturbants qui fusionnent et s'accélèrent en un mélange ennivrant. "Megawatt, Megawatt" semble une copulation musicale, composée de pulsions rythmiques et de cris rauques. D'autres morceaux sont plus pop, comme "Million Thousand people". On se plaît à reprendre en refrain le Wahouuuhouhouuuu. "The jazz hot" m'interpèle par ce mélange réussi de clavier et de voix plus chantante et sensuelle. Mais chasse le naturel et il revient au galop : à mi-parcours, une tornade de la psyché emporte toutes les mesures, les rendant des plus expérimentales.
Eclectique alors ? Non. Un fil rouge est frappant. Sans nul doute la prépondérance des percussions et samples font de l'album un rituel musical, une sorte de composition tribale. On s'imagine très vite un univers mystique et inquiétant. Certains pourront y donner quelques coups de griffes en argumentant sur le oui mais c'est quand même fait de bric et de broc : un peu répétitif, non ? Et puis l'écoute n'est pas de tout repos...
On ne peut nier cette énergie folle qui se dégage de chaque composition. Mein Sohn William offre à écouter un premier album original et vivant. A suivre donc au risque d'être envoûté. |