Quand je regarde la pochette de Rover, je pense immédiatement à ce portrait célèbre de Beethoven, celui avec le regard sombre, le col serré et les cheveux au vent. Rover pourrait être un romantique, dans son véritable sens, proche du Sturm und Drang, entre tempête et passion donc.
La tempête, avant même la sortie de ce disque puisque expulsé du Liban pour cause de visa défaillant, Timothée Régnier (aka Rover) se réfugie en Bretagne et apprivoise dans la froideur hivernale et la solitude d’un studio sa voix et sa voie… En ressortira cet album où le lyrisme côtoie une certaine exaltation, où la musique en accords mineurs joue au jeu de l’antagonisme tension-détente.
Une pop romanesque mais jamais mièvre, produite sur bandes analogiques (à l’ancienne !) mais avec tout le confort moderne, comme pour retrouver l’ambiance feutrée ayant inspiré son écriture. Poète maudit, Rover promène sa voix, capable d’écarts vertigineux entre graves rocailleux et aigües délicats, pour nous porter dans son univers fait de ballades en longs crescendos, teintées de pop ("Aqualast", "Lou", "Queen Of The Fools", "Silver") et parfois de rock ("Tonight", "Remember") à l’aura souvent troublante et ombrageuse. Rover, c’est aussi un monde musical où l’on rencontrera aussi bien le jeune Bowie que les Beach Boys, Ginzhu qu’Interpol ou Muse (apaisé), où l’on frissonnera sur des montagnes russes cathartiques !
Une envoûtante ivresse des sentiments en envolées lyriques proposés par Rover ! |