Monologue dramatique de Xavier Grall dit par Martine Vandeville dans une mise en scène de Jean-Noël Dahan.
"La Rimb", c’est ainsi que Jean-Arthur Rimbaud surnommait sa mère, Vitalie Cuif épouse du capitaine Rimbaud. "La Mother" n’a pas bonne presse dans le continent rimbaldien et il fallait être un breton farouche à tête d’Antonin Artaud comme l’était Xavier Grall, un poète rugueux aussi hérétique que catholique, pour oser la réhabiliter.
Dans cette adaptation théâtrale d’un texte à l’origine radiophonique,la mère du poète s’abandonne à la nuit pour oublier que son bourlingueur de fils n’a pas été qu’un négociant. En vain, revient sans cesse le souvenir de ces premières années maudites et jaillit en elle à la fois la fierté d’être la mère Rimbaud et le refus de n’être que ça.
Sur scène, Martine Vandeville est une Madame Rimbaud qui s’épanche peu. Assise dans son fauteuil, les pieds dans une cuvette d’eau, ou parcourant le plancher appuyée sur sa canne, elle dit dignement sa vérité.
Figure altière, sans répit ni repos, la Rimb peut affirmer le contraire, mais elle n’y peut rien : il y a en elle quelque chose d’autre qu’une propriétaire terrienne ardennaise. Celle qui a engendré Arthur Rimbaud possède déjà une part de son mystère.
Jean-Noël Dahan a parfaitement réussi le passage du texte de Xavier Grall des ondes à la scène, et s’il reste quelques scories du didactisme inhérent au genre radiophonique, Martine Vandeville sait les atténuer. Elle a trouvé la virulence juste pour éviter la caricature.
Aidée par les échos sonores de Jean-Noël Istria et les lumières subtiles de Julien Peissel, elle dessine une Madame Rimbaud magistrale qu’il ne faut pas rater. |