Comédie dramatique de Luigi Pirandello, mise en scène de Stanislas Nordey, avec Emmanuelle Béart, Claire Ingrid Cottanceau, Michel Demierre, Vincent Dissez, Raoul Fernandez, Marina Keltchewsky, Frédéric Leidgens, Marine de Missolz, Stanislas Nordey, Véronique Nordey, Julien Polet et Laurent Sauvage.
Dans la bibliographie copieuse de Luigi Pirandello, "Se trouver", œuvre tardive de 1932, n’est pas la plus connue ni la plus jouée.
C’est le mérite de Stanislas Nordey d’avoir ressuscité un texte où la problématique pirandellienne s’est un peu déplacée, s’est faite plus schématique et moins porteuse d’imaginaire. Ici on n’est pas en quête d’auteur mais en quête d’acteur.
Tout est axé sur la vie d’une "star", qui pourrait tout aussi bien être une actrice de théâtre ou de cinéma. Vivant pour son art, Donata n’a pas finalement pas beaucoup vécu. L’irruption de la vie, de l’amour, va tout changer et perturber la comédienne dans son jeu même et plus encore prouver l’impossibilité d’une "vraie" vie pour une grande actrice. Emmanuelle Béart, frémissante et convaincue, incarne vraiment Donata, l’accompagne au plus loin dans son introspection.
Stanislas Nordey pose les acteurs qui l’entourent sur une espèce d’échiquier où ils ne sont souvent que des pièces statiques. Choix qu’on ne peut lui reprocher : "Se trouver", œuvre un peu trop théorique, est en effet centrée sur un seul personnage, celui d’une comédienne qui ressemble fort à Marta Abba, l’actrice phare du théâtre pirandellien qui fut l’amour impossible de son mentor.
À côté d’elle, les autres paraissent plus des comparses que des caractères. Même, son amant, joué jeune premier viril par Vincent Dissez, n’a à défendre que des arguments proches de clichés.
Dans ces limites posés volontairement par Pirandello, Nordey livre un travail apaisé qui tend vers un classicisme épuré. On soulignera la beauté des costumes de Raoul Fernandez baignant dans l’ocre et le blanc pour l’entourage de Donata, dans ce vert fatal aux comédiens pour elle.
On contemplera aussi la légèreté monumentale de la scénographie d’Emmanuel Clolus qui n’est pas sans rappeler les décors de Robert Mallet-Stevens et de Fernand Léger pour le film "L’Inhumaine" de Marcel L’herbier, qui avait d’ailleurs tourné un "Feu Mathias Pascal" tiré lui aussi d’un roman de Pirandello.
Une soirée illuminée par l’envie théâtrale d’Emmanuelle Béart pour qui Stanislas Nordey a dessiné un bel écrin, nonobstant les limites de la pièce de Pirandello. |