Comédie dramatique écrite et mise en scène par Olivier Py, avec avec Uli Kirsch, Sebastian König, Uwe Preuss, Lucas Prisor, Ingo Raabe, Ilse Ritter, Mandy Rudski et Claudius von Stolzmann et Mathieu Elfassi
au piano.
Au moment où il quitte l’Odéon pour Avignon, Olivier Py se devait de laisser dans les mémoires un dernier spectacle qui résumait le bouillonnement de son action parisienne.
"Die Sonne", commande de la Volksbühne de Berlin, répond à ce désir. Les admirateurs de Py ne seront pas déçus par cette double interrogation entre douleur et joie, ombre et soleil, sur le théâtre et la paternité.
Certes, le texte est traduit dans la langue de Goethe et de Fassbinder, et il faut parfois choisir entre lire les mots et regarder tout ce qui se passe sur scène, mais, même si on ne parle pas allemand, on sera convaincu de la belle musicalité de la traduction de Leopold von Verschuer de la prose d’Olivier Py et on ne perdra que très peu du jeu de comédiens à la présence exceptionnelle.
Comme Sebastian König, bondissant et lumineux dans le rôle d’Axel, ce "soleil" qui éclaire la scène de son insolence et de ses écorchures. Les habitués du théâtre de Py seront heureux d’en lire ici toute la quintessence : appel des corps, amour du théâtre, alchimie des mots, tout cela concourant à une poétique, à une dialectique des êtres.
Les autres auront plus de mal avec une temporalité circulaire qui ramène au commencement plus de trois heures après qu’est débuté cette histoire à l’argument limité.
Pourtant, même s’ils décrocheront parfois, ils seront saisis par les fulgurances théâtrales orchestrées dans un mouvement qui embrasse une scène où tournoient les personnages et le décor. Chanteuse à la Ingrid Caven, clowns pailletés d’argent, héros grec plongé dans l’expressionnisme allemand, "Die Sonne" est riche d’images et de sons avec, en écho, la présence magnétique du piano de Mathieu El Fassi.
Ils conviendront aussi que Py sait utiliser au mieux l’espace scénographié par Pierre-André Weitz. La vie de cette troupe théâtrale dans laquelle surgit Axel, le soleil qui chauffe les coeurs et réveille les ardeurs, est racontée en faisant fi des clichés attendus et en jouant habilement de ceux utilisés. On pense parfois au théâtre ou au cinéma de Fassbinder, mais délivré finalement de sa cruauté et de son désespoir.
Qu’on l’accepte sans réserve ou qu’on s’irrite qu’y perdurent çà et là des complaisances, le dernier spectacle de Py résume bien tout son travail à l'Odéon. |