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puce Erzuli Dahomey, déesse de l'amour
Théâtre du Vieux Colombier  (Paris)  mars 2012

Comédie dramatique de Jean-René Lemoine, mise en scène d’Éric Génovèse, avec Claude Mathieu, Françoise Gillard, Serge Bagdassarian, Bakary Sangaré, Nâzim Boudjenah, Pierre Niney, Nicole Dogué et Djibril Pavadé.

Création à la Comédie-Française. "Erzuli Dahomey, déesse de l'amour", un texte retenu par le bureau des lecteurs, sa découverte par la troupe, le rêve d'une mise en scène et les mois de travail et d'invention.

Erzuli Dahomey. En France, dans une petite ville de province, où le paysage fait du charme à l'ennui.

Madame Maison, actrice à la réforme, mère débordée, bourgeoise tel que le voit le théâtre de boulevard, apprend en pleine nuit que l'avion de son fils s'est écrasé sur quelque pic rocheux répertorié par l'atlas.

Secondé d'un précepteur, le père Denis, qui s'occupe de ses deux enfants, François-Joseph et Sissi, la mère de famille enterre son fils puis la vie reprend, morne, rituelle, cérémonieuse, sous l'oeil sombre de Fanta, la domestique créole, qui n'en pense pas moins. Mais soudain, une forme apparait dans la nuit : fantôme, esprit ?

Chacun le voit et ne peut y croire. Alors, quand une mère africaine débarque pour dire que c'est son fils qui a été enseveli dans le caveau des Maison, tout explose. La chancelante apparence de vérité s'éteint sous ce vent puissant et chaud. Et si l'amour, accepté, permettait à chacun de se dire la vérité ?

Au service de ce beau texte de Jean-René Lemoine, écrit dans un français vénéré, avec la transe qui le fait danser, la troupe du Français donne tout, avec passion, grâce à une distribution étincelante et à la mise en scène d'un Eric Génovèse inspiré qui a insufflé une respiration charnelle à la pièce.

Claude Mathieu est une superbe mère hystérique, femme non caressée et trop rigide pour être aimée de ses enfants et des hommes. Sa composition, hilarante et touchante, confirme toutes les exceptions de cette comédienne hors normes. Les enfants, Pierre Niney et Françoise Gillard sont beaux, bouleversants, "enfants terribles", Oreste et Electre jouant au grenier, et leur choix, aussi, est excellent.

De Serge Bagdassarian, on attend tout et on reçoit chaque fois davantage: il arrive à rendre ce rôle de prêtre - assez univoque, voire versant dans la caricature anti-cléricale - humain, dévoré de désirs, énorme de ses soupirs, anti-Père Aristide, et jouet plastique de deux enfants féroces. La domestique Fanta, c'est Nicole Dogué, révélation, déchirante et déchaînée, comédienne prodigieuse, qui se laisse posséder par son rôle jusqu'aux abîmes.

Bagary Sangaré est magistral, travesti dans le rôle de La mère africaine, consolatrice, obstinée, terre nourricière et fleuve de larmes. Son fils, le fantôme, Nâzim Boudjenah, inquiétant, irréel, habillé d'une nudité fluide, traverse la réalité comme on écarte des voiles. Enfin, dans un rôle court, Djibril Pavadé existe avec précision.

Les costumes de Sylvie Martin-Hyszka (passage de la mère bourgeoise empantalonnée à une vaporeuse Karen Blixen) témoignent d'un goût juste. La lumière de Bertrand Couderc et le son de Romain Kronenberg ponctuent les scènes à la perfection : quel talent, là encore.

On pourra trouver la dernière partie un peu décevante et la charge anti-esclavagiste mal-amenée. Mais Jean-René Lemoine a composé là une oeuvre envoutante, belle, sonore, de très grande qualité et de civilisation.

Et riche d'amour.

 

C-L. Morel         
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