Il est des auteurs comme ça qu’il n’est pas besoin de présenter, ou alors si, juste un peu, comme Patrick Poivre d’Arvor, the national PPDA, idole of the ménagère de moins de 50 ans during the JT between 20h and 20h30, scandaleusement évincé et remplacé par une madame Placard de la concurrence (ou un truc dans le genre dont je me fiche pas mal). Ce qui nous regarde ici, tout de suite maintenant, c’est qu’au-delà des polémiques quant à l‘authenticité de sa plume, PPDA is a writer depuis for long time ! Et il nous revient avec Rapaces.
"Un rapace est un oiseau carnivore, au bec crochu et tranchant et possédant des serres. Les rapaces ont généralement une vue remarquable, de plus certaines espèces ont, chose peu commune pour les oiseaux, un bon odorat. Leurs ressemblances sont de bons exemples de convergences évolutives". J’oserai dire : "Tadaaaaa ! The chronique is finish !". Mais comme je suis une incorrigible bavarde, je vais en ajouter un peu plus.
Le roman commence par une mort suspecte : un présentateur de JT ultra populaire retrouvé noyé dans le même étang que Robert Boulin, 33 ans plus tôt, un mois avant le premier tour de la présidentielle de 2012, après une belle interview du président de la République. Meurtre ou accident ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, on peut d’ores et déjà souligner le réalisme du contexte dans lequel se déroule l’intrigue : le temps des combats de coqs est arrivé, Robert Boulin a existé (résistant, gaulliste, retrouvé noyé dans des circonstances étranges, potentiel assassiné politique ?), les présentateurs populaires de JT se font parfois évincer au profit d’un remplaçant du dimanche. Et la convergence évolutive dans tout ça ? Ben c’est elle, là voilà, les caractéristiques communes au roman et à la réalité font du livre un petit gâteau en forme de course à l’Elysée.
Le roman se lit relativement vite, et pas seulement grâce à sa police large et aérée, mais aussi par un phrasé rapide et efficace. Patrick Poivre d’Arvor ne s’embarrasse pas de descriptions à rallonge, deux meubles et un vase lui servent de décor (et on ne les regarde même pas !), l’intrigue passe de question en réponse et coule rapidement jusqu’au dénouement.
Le roman n’est pas en soi un chef-d’œuvre, mais il me paraît bien refléter cette "caste" journalitico-politique, avide de sondages et de scoops, à grands coups de "je t’aime moi non plus". L’auteur semble flâner entre les lignes, soit pour sembler régler des comptes ("Nicolas Sarkozy n’avait jamais tenu les journalistes en grande estime, pas davantage que ses prédécesseurs, mais il savait bien les utiliser quand ça l’arrangeait"), soit pour nous éclairer sur un rouage du milieu des journalistes vedettes.
Et les rapaces dans tout ça ? Faut-il vraiment les nommer ? Les politiques, les politiciens, ces gens qui se gargarisent de titres plus ronflants les uns que les autres pour se prétendre mieux qu’un tiers. Les insatiables gobeurs de gros titres où la crête la plus rouge croquera la crête la plus haute. Combat de coqs. Et pardon les journalistes, mais vous avez aussi un petit côté rapace, ainsi que nous-mêmes communs des mortels, qui nous complaisons à contempler le malheur des autres, histoire de voir s’il ne reste pas un p’ti bout à grignoter quand ils en auront fini… |