Comédie création collective d’après l’œuvre de Julio Cortázar et Carol Dunlop, mise en scène de Thomas Quillardet, avec Olivier Achard, Aurélien Chaussade, Maloue Fourdrinier, Christophe Garcia, Claire Lapeyre Mazerat, David Lejard-Ruffet, Aliénor Marcadé-Séchan et Marion Verstraeten.
Pas la peine de ménager un faux suspense : "Les autonautes de la cosmoroute" est un spectacle léger, distrayant, qui fera passer deux heures agréables. Il aura en outre l’avantage de faire galoper les imaginations et de faire turbiner les imaginaires.
Car, derrière cette création collective orchestrée par Thomas Quillardet, il y a l’ombre bienveillante d’un immense écrivain, l’argentin Julio Cortazar.
L’auteur qui inspira "Blow-Up" e Michelangelo Antonioni avait, en 1982, réalisé avec sa compagne Carol Dunlop un projet bien particulier : faire un Paris-Marseille en Combi Volkswagen en s’arrêtant systématiquement sur les 65 aires d’autoroute, avec pour contrainte d’en faire deux par jour et de ne jamais quitter l’autoroute pendant la durée de l’expérience.
Ce jeu déboucha sur la rédaction au jour le jour du livre "Les autonautes de la cosmoroute", œuvre à quatre mains hantée par l’amour et la mort, puisque les deux protagonistes, Carol (dite l’oursine) et Julio (dit Le Loup) mourront peu de temps après ce périple original.
Sur scène, huit comédiens habillées en combinaison orange ont donc décidé, le livre de Cortazar et de Dunlop en main, de refaire trente ans après le trajet des deux tourtereaux littéraires.
Les nouveaux "autonautes" mélangent leurs propres observations à celles du couple franco-argentin. Dès lors, tout est possible et l’octuor, le collectif formé des deux compagnies Jakart et Mugiscué s’en donne à cœurs joie, multipliant les idées loufoques, les réflexions de circonstance, les chansons et les lectures.
Et tout ça avec un minimum d’éléments sur une scène presque vide. Plus qu’à Julio Cortazar, c’est à Georges Perec que l’on songe dans ces "petites gorgées d’autoroute" parfois poétiques et souvent touchantes qui ont pour vertu de créer une vraie empathie entre les acteurs et les spectateurs.
Thomas Quillardet donne un bon tempo à cette aventure qui, par définition, pouvait s’avérer répétitive. Bien entendu, il y a des moments plus forts ou plus émouvants que d’autres, mais à l’exception de quelques "numéros" inutiles (la superfétatoire chanson de Kate Bush, l’éprouvante minute de silence qui s’éternise), il a canalisé cette troupe débridée qui semble de ne pas faire semblant de s’amuser.
On ne saurait que trop remercier une nouvelle fois cette joyeuse troupe d’avoir ressusciter Julio Cortazar. Grâce à eux, l’auteur du magistral "Marelle" sort de l’autoroute et d’un court purgatoire. Il faut aller s’amuser avec "Les autonautes" et se plonger dans l’univers d’un grand écrivain qui savait allier malice et modernité. |