Comédie de Georges Feydeau, mise en scène de Robert Sandoz, avec Samuel Churin, Joan Mompart, Laurence Iseli, Cecile Bournay, Blaise Froidevaux et Baptiste Gilliéron.
Il s'en passe de drôles de choses au 40 rue d'Athènes... Nous sommes entre gens chics. Il y a là Monsieur Duchotel qui, soi-disant venu chasser avec son ami Cassagne, vient en fait retrouver sa maîtresse. Mais il y a aussi Moricet, l'ami de Duchotel avec Léontine, la femme de celui-ci.
Comme toujours chez Feydeau, l'intrigue est alambiquée mais diablement bien ficelée et sa mécanique, après une période de mise en route, réagit comme un diesel pour atteindre ensuite son rythme de croisière et des sommets de folie pure.
Robert Sandoz, jeune metteur en scène suisse doué a su insuffler à la mécanique de précision de l'auteur qui ici tourne comme une horloge genevoise, une vraie humanité aux personnages, nous les rendant de ce fait plus touchants et complexes. En cela, il réussit à entretenir l'attention du spectateur pouvant mesurer les enjeux de ce qui se joue.
Autour d'une scénographie remarquable de Nicole Grédy, un immense panneau en tissu écossais qui regorge de portes, de fenêtres, de lucarnes et de placards tel un gigantesque calendrier de l'avent, le metteur en scène prouve son savoir-faire et réussit un feu d'artifice de burlesque où la folie monte peu à peu pour exploser en bouquet final dans une brillante et jubilatoire apothéose.
l y a du Tex Avery dans ce théâtre-là. Et du Tim Burton aussi... Soutenus par les formidables éclairages de Stéphane Gattoni, les comédiens sont à leur aise pour lâcher les chevaux dans ce grand cirque délirant où l'ambiance s'inspire clairement des fifties.
Joan Mompart en tête explose dans le rôle de Moricet où il fait montre d'une impressionnante palette de jeu, d'une gestuelle précise et d'une inépuisable énergie. Sa générosité et son inventivité font mouche à chaque scène et il nous embarque avec ses acolytes dans une merveille d'absurde et de folie douce. Laurence Iseli (Léontine), volontaire et volcanique, n'est pas en reste pour tenir le rythme échevelée de ce divertissement.
Samuel Churin (Duchotel), Blaise Froidevaux (Cassagne), Baptiste Gilliéron (Gontran) et Cécile Bournay (campant tour à tour une concierge et un commissaire désopilants) jouent tous juste et apportent leur contribution talentueuse à ce remarquable spectacle.
De subterfuges ratés en excuses invraisemblables, les protagonistes de "Monsieur chasse !" rivalisent de mauvaise foi et Georges Feydeau ne sauve personne. Comme Marivaux avant lui, l'auteur en plus de proposer une comédie hilarante, dissèque surtout les faiblesses humaines. Mais qu'est-ce que c'est drôle ! |