Comédie de Ben Jonson, adaptation par Toni Cecchinato et Jean Collette, mise en scène de Alfred Le Renard et Céline Sorin, avec Grégory Benoit, Samir Dib, François Juillard, Anne Mino, Yannick Rosset et Céline Sorin.
Si l’on cherche à convaincre ceux qui ne sont pas convaincus de l’intérêt du théâtre, du plaisir que l’on peut en tirer, cette adaptation alerte et astucieuse de "Volpone" de Ben Jonson sera la bienvenue.
En une heure trente, rythmée et joyeuse, on sera en effet projeté dans l’Italie, telle qu’on la rêvait dans le théâtre élisabéthain, pour suivre une farce et une belle leçon de morale où celui qui croyait prendre sera pris.
Au centre de la scène, Daniel Martin a conçu un cube, qui tourne et se déplie, et dans lequel l’action peut se dérouler sans perte de temps. Quand la pièce commence, on y découvre un gros homme vautré sur son lit en compagnie de deux soubrettes blondes au visage fardé identique qui ne s’expriment qu’en "couinant". Le gros homme aux yeux exagérément maquillés, c’est Volpone (le renard) qui, sous les traits de Samir Dib, est entre Falstaff et Ubu.
Avec la complicité de son factotum, Mosca, il joue les mourants pour plumer ceux qui en veulent à son héritage, trois rapaces à tête d’animaux. Dès lors, Céline Sorin met en scène une comédie où pas un élément n’est de trop. Toni Cecchinato et Jean Collette ont dégraissé Ben Jonson et en ont gardé la moelle.
Les personnages ne sont pas tant des caricatures que des marionnettes (qui d’ailleurs auront aussi leur place dans le spectacle...). Chacun joue sa partition avec conviction, bien dans sa peau animale dans les beaux costumes de Marie-Ange Soresina.
Dans cette version réjouissante et sans fausse note, on soulignera une audace (réussie) : Mosca, qui était joué par Louis Jouvet dans le "Volpone" cinématographique de Maurice Tourneur est ici une femme, en l’occurrence Céline Sorin. Du coup, le personnage paraît moins roué et tortueux. Ce n’est pas lui qui mène Volpone à sa perte, il ne fait que profiter de la bêtise et de l’avarice de son maître.
Pas la peine d’en dire plus : la pièce dit tout et très bien. Ce divertissement de qualité réussit sans y toucher une prouesse, celle de rendre la théâtralité évidente à tous ses spectateurs. |