Comme toujours, le Musée National dela Renaissance propose une exposition qui ne constitue pas une simple monstration thématique d'oeuvres mais s'inscrivent dans le cadre de recherches iconographiques en matière d'histoire de l'art.
Celle intitulée ""L'invention d'un trésor - Vaisselles précieuses la Renaissance" a été initiée par la découverte en 2006, déterrées par un coup de pioche dans un champ de Pouilly-sur-Meuse, en Lorraine, d'un ensemble de pièces de vaisselle Renaissance qui ont été classées "trésor national".
Après leur rénovation et leur acquisition par le Musée Lorrain de Nancy, elles sont présentées au Château d'Ecouen non seulement pour faire un point d'étape sur les recherches quant à l'histoire de leurs origines mais également pour les resituer au sein du corpus réduit de l'orfèvrerie civile de la Renaissance qui a traversé les siècles.
Michèle Bimbenet-Privat, conservateur en chef du patrimoine au Musée National de la Renaissance, spécialiste de l'orfèvrerie de cette période qui a géré toutes les étapes d'identification et d'expertise de ce nouveau trésor enfoui, assure le commissariat de cette exposition ainsi que leur très belle mise en valeur scénographique.
Vaisselle d'usage de la Renaissance : l'esthétique du quotidien
A partir des objets somptueux dans leur sobre élégance et la pureté évidente des lignes, qui soutiennent amplement la comparaison avec les créations des designers pour l'orfèvrerie de luxe contemporaine, l'exposition invite à une réflexion plus large sur les usages de la table et la vie quotidienne à la Renaissance.
L'exposition est introduite par la présentation de trois tapisseries qui permettent au visiteur une approche didactique des usages de la table à la Renaissance qui cependant, comme l'indique la commissaire dans l'ouvrage-catalogue consacré aux "Trésors enfouis de la Renaissance", n'ont pas encore été totalement défrichés.
Ce qui permet de situer l'exposition au regard des us et coutumes d'une époque qui distinguait la vaisselle d'apparat des familles princières et aristocratiques, caractérisée par un très grand luxe dont la fonction uniquement ostentatoire la destinait à être présentée sur un dressoir spécialement dédié, et la vaisselle de table, dite vaisselle d'usage.
Cette dernière, destinée à une utilisation effective et quotidienne, se caractérise par dont les deux principales caractéristiques sont une typologie assez pauvre et l'unité due à une extrême sobriété et à la pureté des formes digne du design contemporain.
Le trésor de Pouilly-sur-Meuse, constitue un exceptionnel ensemble de vaisselle familiale ayant fait l'objet de trois acquisitions successives entre la fin du 15ème siècle et la moitié du 16ème siècle dont l'intérêt est considérable par son apport patrimonial au corpus restreint de l'orfèvrerie civile de la Renaissance.
Bien que n'appartenant pas à une famille noble, cette vaisselle d'usage, riche de 32 pièces, est en argent repoussé de godrons et boulons, de formes simples et enrichies de décors gravés ou ciselés avec des motifs appartenant au répertoire ornemental courant, dont les moresques, et en partie dorés.
Autour de ce trésor, les pièces d'orfèvrerie font l'objet d'une présentation typologique en les rattachant à des représentations iconographiques, peintures, tapisseries et miniatures qui attestent du caractère sommaire de la vaisselle de table.
C'est une pièce de la tenture des "Fructus Belli" illustrant "Le dîner du général", qui sert de toile de fond à la salle.
Ainsi, les coupes armoriées, dont celle couverte aux armes du roi Henri III, sont accompagnées d'un fond d'assiette en émaux peints en grisaille avec une scène de repas montrant les coupes réservées aux adultes et un gobelet pour l'enfant.
Quelques raretés et curiosités à ne pas manquer tels le nécessaire de bouche du milieu du 16ème siècle, cuillère-couteau-fourchette dévissables en argent doré et manche émaillé avec leur étui, la cuillère-fourchette du début du 17ème siècle en argent doré
Quant au l'aiguière, considérée comme le plus beau des objets, et qui servait également à la toilette, l'aiguière à une courbe de Quimper est mise en résonance avec celle figurant sur le célèbre tableau de la "Dame au miroir" exceptionnellement prêté par le musée des Ursulines de Mâcon. |