One man show écrit et interprété par Nicolas de La Baume dans une mise en scène de Anne Tappon.
Nicolas de la Baume s'est concocté un one man show en forme de comédie à sketches à la fois parodique, caustique et burlesque sur, comme l'indique son titre, "Entreprise de tête", la thématique du monde du travail.
Les textes, bien écrits avec la plume de la satire virulente et qui résultent manifestement d'une observation in situ, épinglent, sous une réussie forme parodique, les pratiques et dérives engendrées par les fléaux contemporains que sont la crise, la pression des actionnaires, le cynisme des dirigeants et les diktats du management.
L'illustration rustique des différences et mérites respectifs des stratégies du "pull et du push management", la découverte de l'open space par l'ouvrier d'une usine délocalisée reconverti en commercial, la conception patronale du BET, la grande supercherie de l'entretien d'évaluation ("remplir des cases pour évaluer ces nounouilles"), l'obséquiosité mystique du cadre supérieur face au béni CAC 40 et au Saint Patron, le DRH exaspéré par la gestion des "desesperate housewives" et le directeur qui hésite entre la réunion du comité de direction ("la cage aux folles") et la rencontre avec les organisations syndicales ("Germinal") constituent de véritables moments d'anthologie
Et, cerise sur le gâteau avec le portrait de DRH "Queen de la communication" dont l'analogie qu'elle fait du fameux triangle de la communication avec le slip brésilien et sa représentation graphique de la typologie de l'entreprise, avec le cerveau en ordonnée et les "couilles" dans leur symbolique du courage en abscisse, constituent de véritables moments d'anthologie.
Avec son physique passe-partout, son air de ne pas y toucher, son appétence pour le mime avec une gestuelle percutante et sa pratique avertie de l'anthropologie du monde du travail, Nicolas de la Baume dispense avec une fausse légèreté candide un humour "physique" et féroce à la Jacques Tati.
Efficacement mis en scène par Anne Tappon qui l'a précédé sur le chemin du one man show, il campe avec brio une galerie de personnages plus vrais que nature et dont la charge caricaturale permet non seulement de véhiculer le tragique de situations qui n'ont rien de fictif mais également de décompresser par le rire.
Car le rire est incontestablement au rendez-vous, même s'il est parfois un peu jaune. Alors comme le scande l'auteur-interprète, "Venez nombreux, rire c'est agir !" d'autant qu'il pratique un humour "engagé" en reversant les bénéfices du spectacle à l'association Adie qui aide des personnes exclues du marché du travail et du système bancaire à créer leur propre emploi grâce au microcrédit. |