Au rayon d'une délicieuse chansonnette variétoche dominante sur toutes les ondes populaires, expression d'une musique décomplexée qui assume assez bien de "ne pas se prendre pas la tête" (comprendre : une musique sans exigences, pour les jours écervelés), on pourrait bien avoir à l'avenir à faire avec le remarquable Yvan Cujious.
Un chant étranglé à l'accent prononcé à faire passer Cali, autre toulousain chantant, pour un grand vocaliste ; des arrangements musicaux discrets et instantanément familiers (certainement ont-il déjà été entendus ailleurs ?), surtout destinés à habiller des textes bavards ; un regard sur le quotidien que l'on pourra tout aussi bien décrire comme tendre que cynique, comme désabusé que poétique, comme humoristique que lucide, tant sa personnalité est singulière – J'aime tous les gens serait-il le ticket gagnant d'Yvan Cujious ?
Sur le principe "une idée une chanson", qui a produit de grandes pièces (chez Gainsbourg, par exemple) autant que d'obscures ritournelles poussives qui n'ont intéressé que leur auteur et sa famille, le chanteur résume souvent ses textes en leur titre, à la faveur d'un jeu de mot, d'une image, d'un jeu de sonorités, et déroule ensuite avec application les rimes et figures de style appliquées d'une écriture excellemment propre sur elle.
Il manque malheureusement à ce deuxième album un tube potentiel comme celui qui donnait son titre au premier (Tout le monde m'aime, 2009), qui pouvait être un peu vain mais était entraînant tout de même et l'on peut craindre qu'il ne parvienne à être porté au seuil critique du matraquage médiatique, gage d'une reconnaissance publique spontanée. Tant pis, ce sera certainement pour le troisième. |