Fers de lance d'une
scène islandaise toujours en pleine ébullition, Sigur
Rós ne cessera définitivement jamais de nous surprendre.
Après avoir donné deux shows d'une rare intensité
à l'Elysée Montmartre puis au Grand Rex une vingtaine
de mois en arrière puis s'être produit l'an passé
au Théâtre de la Ville dans le cadre d'un spectacle
de danse, le quatuor était de retour cette semaine pour la
quinzaine Islande de glace et de feu
: deux soirées à la Grande Halle de la Villette pour
présenter "Odin's Raven Magic",
adaptation d' Edda , conte mythologique
nordique datant du 12e siècle.
Créée en 2002 au Barbican Center de Londres, l'oeuvre
est pour la première fois interprétée avec
l'ensemble Schola Cantorum et l'Orchestre
des Lauréats du Conservatoire (Paris et Lyon).
Dans la superbe salle Charlie Parker ornée de poutres métalliques
apparentes d'inspiration Eiffel, la vaste scène voit s'installer
successivement la trentaine de musiciens, la vingtaine de choristes
avant d'être rejoint par le groupe. La représentation
débute sur une longue introduction assurée par l'orchestre
avant que les guitares ne fassent leur apparition, lançant
du même coup le show.
Clou du spectacle - en dehors de la voix d'une pureté absolue
de Jon Thor Birgisson -, un marimba, sorte
de xylophone où des pierres remplacent les lames de bois,
a été construit pour l'occasion, donnant le crédit
ancestral nécessaire à la prestation. Comme à
son habitude, le groupe propose un spectacle complet, ajoutant à
la dimension musicale, une dimension visuelle en parfaite adéquation
; l'occasion de constater que la fascination de Sigur Rós pour les
lignes à haute tension demeure toujours intacte.
Après avoir magnifiquement évolué pendant
soixante-dix minutes entre classique, musique traditionnelle islandaise
et post-rock, le groupe achève son set par un extraordinaire
final, véritable transe hypnotique à couper le souffle
...
Reste donc à louer une fois encore la démarche irréprochable
de ce groupe (rappelant parfois Pink Floyd)
mais surtout à se mordre les doigts d'avoir boudé
le deuxième soir ...
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